A peine arrivé à la maison après le boulot je découvre que Si Driss Guiga m’a envoyé le livre sur Shasha avec une dédicace très touchante.
Je savais que cette autobiographie ou plutôt un journal intime était en gestation et que Shasha voulait absolument témoigner de ce qu’elle a vécu tellement les souvenirs se bousculaient dans sa tête et qu’il fallait absolument les raconter pour faire rêver les lecteurs et les faire voyager aux quatre coins du monde.
Déjà la couverture la montrant tellement belle qu’on peut comprendre que Si Driss soit tombé amoureux d’elle.
Un pavé bien écrit avec de jolies préfaces et surtout un préambule écrit par Shasha elle même d’un livre qu’elle avait précommandé.
Une qualité de papier, une épaisseur de livre et une taille d’impression du texte te donnant envie d’avaler ce livre qui illustre soixante dix ans de vie commune avec une femme moderne qui se prêtait tous les soirs à la prière.
Cette femme algérienne aimait plutôt vanter ses origines turques,
Ce témoignage est truffé d’anecdotes croustillantes révélant le caractère rebelle aux règles de « bienséance » et aux us et coutumes des personnes au pouvoir qu’elle a eu la chance de rencontrer.
Refusant à Wassila de s’assoir à ses pieds ou bafouant le baise main du Bey, jusqu’à demander au roi d’Arabie saoudite une photo avec lui alors qu’elle n’était pas voilée et en plus en décolleté provoquant… Sacrée Shasha.
La révolution algérienne y occupe une bonne place, mais cela reste surtout une histoire d’amour exceptionnelle où Si Driss n’apparaît presque pas même s’il occupe une place prépondérante.
Cette enseignante de français a été choisie avec bonheur par Bourguiba pour animer ce club féminin Aziza Othmana où elle a eu l’occasion d’inviter les plus grands artistes et d’être invitée de par le monde tellement elle représentait, même en tant qu’algérienne, la femme tunisienne nouvellement libérée par Bourguiba.
Sportive, éminente skieuse et artiste peintre remarquable (elle a exposé dans plusieurs galeries parisiennes réputées), l’empreinte de Sasha dans ce livre est prépondérante.
Une vie pleine, un destin d’épouse d’un homme politique dont la carrière lui a permis de s’imposer dans la société tunisienne et de faire des réceptions avec les grands de ce monde, dont la plus prestigieuse personnalité est la reine Elizabeth d’Angleterre.
Dans cette présentation il ne faut pas dévoiler les détails des rencontres extraordinaires que le couple Guiga a eu la chance de vivre, mais plutôt inviter les lecteurs à lire ce livre hommage à une algérienne qui épousa un pays plus qu’un tunisien pour mettre en exergue l’œuvre de Bourguiba dans la libération de la femme.
Ce livre vous emmènera jusqu’à la révolution du jasmin pour mettre l’accent sur cet acte héroïque d’une « fille de Bourguiba » Khaoula Rachidi qui s’érigea devant cet extrémiste pour l’empêcher de remplacer le drapeau national par son drapeau noir.
Shasha aimait voyager à travers le monde et vous découvrirez ses aventures telle qu’elle le décrit, avec des anecdotes amusantes comme sa rencontre avec le Shah d’Iran qui était étonné de rencontrer une personne s’appelant Sahsha, occasion qu’elle n’a pas raté pour lui faire remarquer qu’elle était doublement Shah.
Les rencontres exceptionnelles sont tellement nombreuses et épatantes, qu’un livre n’arrive pas à toutes les contenir, surtout on sent que parfois en évoquant des souvenirs, il y a des événements qu’elle évoque qui ne respectent la chronologie.
Mais le plus important dans ce témoignage c’est de montrer combien on peut être une mère de famille exemplaire en élevant quatre garçons tout en s’épanouissant dans une vie mondaine, artistique et sportive.
On peut conclure que « derrière chaque grande femme il y a un homme ».
Maher Ben Ghachem – Ancien Professeur de Médecine – Ancien Interne des Hôpitaux de Paris.
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