Enseignement

Par Ridha Zahrouni : L’éducation en Tunisie et son mépris des valeurs de justice, d’égalité et de gratuité

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Il suffit de se concentrer sur la publicité qui circule dans les médias et sur les réseaux sociaux, notamment à l’approche de chaque rentrée scolaire, pour se rendre compte qu’il existe de nombreuses offres dans le domaine, parmi lesquelles les parents peuvent en choisir pour sécuriser le parcours scolaire pour leurs fils et filles.

Il existe des écoles et des instituts internationaux qui adoptent les mêmes systèmes éducatifs pour les pays auxquels ils appartiennent, comme les écoles françaises, canadiennes ou anglaises.

Il existe des établissements d’enseignement nationaux privés, qui sont des écoles préparatoires, des écoles primaires, des collèges et des instituts secondaires.

Ce sont des établissements avec des niveaux de qualité et de services différents, dont le coût annuel de l’enseignement varie d’un établissement à l’autre. Les cours particuliers peuvent être considérés comme des écoles privées illégales.

Viennent ensuite les écoles publiques tunisiennes, dont la tutelle est confiée au ministère de l’Éducation, y compris les écoles internationales tunisiennes, qui ont été créées il y a des années, sur la base de l’accueil de certaines catégories de nos fils et filles avec leur propre système d’enseignement.

Ce sont des écoles pilotes qui accueillent les élèves qui réussissent les concours organisés à la fin de chaque année s’ils remplissent les conditions fixées à cet effet.

La possibilité d’y poursuivre l’étude reste soumise au maintien par l’élève de certaines moyennes dans les résultats de fin d’année académique. Et on conclut avec les écoles publiques ouvertes gratuitement au grand public, sans conditions préalables, que ce soit celles liées à l’âge ou aux années de redoublement.

En examinant les offres d’enseignement disponibles, on peut déduire que le citoyen tunisien peut choisir n’importe lequel de ces systèmes, si ses capacités financières le lui permettent, si son fils ou sa fille remplit certaines conditions et si il dispose de pistons efficaces pour surmonter certains obstacles et barrières procédurales ou organisationnelles, le cas échéant.

Alors que l’école publique reste la seule prête à recevoir toutes les catégories de nos fils et filles. Une école dont tout le monde s’accorde à dire que ses performances sont catastrophiques au sens du terme.

D’ailleurs, la réussite dans l’école publique n’est pas garantie, même pour ceux qui ont les capacités d’investir dans des cours particuliers, et elle est impossible pour ceux qui n’en ont pas les capacités financières et cognitives.

Et si je considère personnellement que tout citoyen tunisien a le droit de choisir la filière scolaire qu’il juge la meilleure pour son fils ou sa fille en fonction de ses capacités et comme le permettent les conditions agréées, et si l’on considère que les cours particuliers, qui attirent aujourd’hui environ 10% de nos élèves, cela n’a rien à voir avec les faibles niveaux du système éducatif national..

L’éducation nationale est de faible niveau. Il faut reconnaître que cette réalité éducative discriminatoire, par excellence, et totalement inacceptable du point de vue humain, social et moral aspects, pour au moins deux raisons fondamentales.

La première raison est que chacune de ces institutions adopte son propre système d’enseignement, dans lequel il n’y a aucune obligation d’égaliser les chances de réussite de l’apprenant à la fin de son parcours académique ou pendant celui-ci, notamment lorsqu’il réussit les examens nationaux.

La deuxième raison est le manquement de l’État tunisien à ses responsabilités face à la question, en mettant en place toutes les possibilités de réformer le système éducatif, en particulier l’école publique, qui est fréquentée par la plus grande proportion des élèves, environ 90 % de nos fils et filles.

Par conséquent, notre État, conscient de cette réalité dangereuse, a ignoré les principes de liberté, de justice sociale et d’ascenseur social, dont nous avons toujours été fiers en parlant de l’école publique.

Ridha Zahrouni

Président de l’Association Tunisienne des Parents et des Elèves

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