Economie

Pénuries : l’incompétence vient d’achever ce que la corruption a commencé

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Le directeur régional du Commerce de Tunis Maher Ghribi a déclaré aujourd’hui lundi 7 mars 2022 que les autorités de tutelle sont en train de lutter contre le monopole et la spéculation. Il a rassuré les citoyens quant à la disponibilité des matières de base soulignant qu’il n’y pas de pénurie.

Selon ses dires, la forte demande sur les produits de première nécessité, le monopole et l’empressement des citoyens étaient derrière leur indisponibilité sur le marché notamment dans les grandes surfaces.

Toutefois, la situation évoquée par le responsable et qui dure depuis longtemps s’est empirée ces dernières semaines. Sensible au mot « pénurie », le ministère de commerce en nie constamment l’existence, préférant parler de perturbation dans la distribution ou de déséquilibre entre l’offre et la demande.

Entre temps, spéculateurs et teneurs officiels de monopoles légaux sévissent au vu et su de tout le monde pour stocker de grandes quantités de produits vitaux, en vue de les revendre plus chers ou, plus grave encore, de les exporter frauduleusement et parfois même légalement  dans des pays voisins et lointains.

De temps à autre, les autorités annoncent la saisie de stocks de produits de base subventionnés (couscous, pâtes, sucre, huile végétale, riz) et la rédaction de procès-verbaux contre et ce, dans le cadre de campagnes de lutte contre la spéculation et la contrebande. Malgré la criticité de la situation, on n’entend jamais parler de traduction devant les tribunaux ou de condamnation à des peines correspondant à la gravité des délits et crimes commis.

L’autarcie des autorités tunisiennes est totale par rapport à ce qui se passe dans le monde et sur les marchés mondiaux des produits de base notamment durant ces deux dernières années en raison des problèmes de logistiques causées par les répercussions du Covid-19.

Rappelons que l’indice de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des prix des produits alimentaires a atteint un niveau record en février, d’après un bulletin récent de l’organisation onusienne.

La plus grande contribution à cette hausse est à mettre au compte des huiles végétales et des produits laitiers et les premières estimations indiquent des perspectives très favorables pour le maïs et le blé pendant le reste de l’année.

L’Indice FAO, des prix des produits alimentaires s’est établi en moyenne à 140,7 points en février, soit 3,9% de plus qu’en janvier, 20,7% de plus que sa valeur d’il y a un an et 3,1% de plus que son niveau atteint en février 2011. L’Indice suit l’évolution mensuelle des prix internationaux des produits alimentaires les plus couramment échangés dans le monde.

L’Indice FAO des prix des céréales a gagné 3,0% depuis le mois précédent, en grande partie en raison de la hausse des cours des céréales secondaires, les prix internationaux du maïs ayant augmenté de 5,1% sous l’effet conjugué des craintes persistantes au sujet des conditions de culture en Amérique du Sud, des incertitudes quant aux exportations de maïs en partance de l’Ukraine et de la hausse des prix du blé à l’exportation.

La FAO a également publié son dernier Bulletin sur l’offre et la demande de céréales, qui contient des prévisions préliminaires pour la production mondiale de céréales en 2022.  La production mondiale de blé devrait progresser et atteindre 790 millions de tonnes, car les rendements élevés prévus et le niveau important des superficies plantées en Amérique du Nord et en Asie devraient compenser la légère baisse attendue dans l’Union européenne et les incidences négatives de la sécheresse sur les cultures dans certains pays d’Afrique du Nord.

Toutes ces variables n’ont jamais été prises en considération par les autorités tunisiennes qui considèrent que la situation alimentaire au pays est sous contrôle.

En effet, la ministre du Commerce, Fadhila Rebhi, a rassuré dernièrement les citoyens quant à la disponibilité des produits de base. Pour elle, la pénurie du pain par exemple s’explique par la classification des boulangeries dont certaines fabriquent les pâtisseries et par l’activité anarchique des autres boulangeries. 

La ministre explique également les pénuries des autres produits de base par la perturbation des circuits de distribution, sans révéler plus de détails sur cette situation à savoir les causes et les responsables de ces perturbations.

En effet, dans des déclarations aux médias, Fadhila Rabhi évoque des tentatives visant à «perturber les circuits de distribution ainsi que la situation générale dans le pays. Certaines parties inconnues sont en train de perturber les circuits de distribution dans l’objectif de semer le chaos et le désordre dans la situation générale du pays», s’est-elle désolée, affirmant que la loi sera appliquée contre toutes les parties impliquées dans ces plans.

Suite et fin : les pénurie s’installent durablement, semble-t-il et l’incompétence vient d’achever ce que la corruption a commencé. Triste sort.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek