Economie

Pétrole : Avec l’Arabie saoudite – et Poutine – contre le consommateur tunisien, les USA et l’UE?!

Pétrole : Avec l’Arabie saoudite – et Poutine – contre le consommateur tunisien, les USA et l’UE?!

À la stupeur générale la Tunisie soutient sans réserve, avec force arguments – c’est ce qu’indique clairement le communiqué officiel -, la décision des pays de l’OPEP+ (sous la houlette de l’Arabie saoudite) de baisser drastiquement la production de pétrole. Le but de la manoeuvre, même si les pays producteurs se gardent de le dire publiquement, est de maintenir haut les tarifs du brut sur le marché international… pour continuer à s’en mettre plein les poches. Et l’intérêt de la Tunisie dans tout ça, me direz-vous ?

“Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts”

En partant du fait que, comme l’a dit le général De Gaulle, “les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts”, il y a forcément une explication derrière la ferveur de Tunis dans cette affaire. À première vue la Tunisie, un pays acheteur, faut-il le rappeler, n’a rien à gagner dans ce dossier. En effet quand le baril de pétrole monte, même d’un dollar, non seulement la Caisse de compensation plonge (avec un trou de 6 milliards de dinars il est temps d’arrêter les dégâts) mais le consommateur trinque aussi automatiquement, en vertu du mécanisme d’ajustement que le gouvernement ne dégaine que dans ce sens. Et même quand le prix du baril de brut se replie le consommateur est rincé également.

Donc comme je le disais, de prime abord la Tunisie est une grande perdante dans cette affaire… à moins qu’il y ait des soubassements que le commun des mortels ignore. À ce stade on ne peut pas s’empêcher de penser à quelque avantage soigneusement caché à l’opinion publique – ça reste une hypothèse je précise – en échange de ce soutien véhément à l’Arabie saoudite. Et là on pense forcément au paquet de 500 millions de dollars que Tunis négocie en ce moment avec Riyadh, une affaire qui devrait être facilitée par l’accord en vue avec le FMI. Une voie défrichée depuis l’élaboration de la Loi de finances 2022 mais que l’institution internationale avait obstruée.

“Plus rien ne m’étonne…”

Ce serait donc ça, le sacrifice des consommateurs tunisiens pour la cause nationale en échange d’un peu d’oxygène pour les caisses publiques ?! “Plus rien ne m’étonne” a chanté le célèbre reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly, et bien nous aussi plus rien ne nous étonne. Mais reste une équation ou plutôt un casse-tête : la Tunisie a-t-elle pensé une seconde au courroux des Américains, eux qui en veulent aux Saoudiens justement pour avoir orchestré la baisse de la production de pétrole ?

On avait titré ici même Ben Salmane fait un cadeau royal à Poutine, un échec cuisant pour l’UE et les USA. Rappelons que le président Joe Biden avait ravalé sa fierté en juillet 2022 en allant presque supplier le prince hériter saoudien de décréter la hausse de la production pour d’abord soulager des Américains martyrisés par l’inflation – c’est toujours le cas – et accessoirement lui dégager la voie pour les élections de mi-mandat. On sait aussi que le maintien des prix du pétrole à un haut niveau fait les affaires du troisième producteur et exportateur mondial, la Russie, qui finance sa guerre en Ukraine avec ce pactole. Ça aussi les USA ont tenté de le stopper, et ils ne sont pas les seuls, les Européens également en militant pour un plafonnement des prix du pétrole. L’OPEP+ a tout fait voler en éclats.

Que fera Tunis si les Américains ajoutent ce dossier à toutes les choses qu’ils nous reprochent ? La Tunisie a-t-elle les moyens de faire face à la furie de Washington ? C’est à nos autorités qu’il faut poser ces questions…

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