Economie

Pétrole : La ministre a été virée parce qu’elle a fait cavalière seule, pourtant l’AIE prédit le pire

Pétrole : La ministre a été virée parce qu’elle a fait cavalière seule, pourtant l’AIE prédit le pire

C’est la soupe à la grimace chez les producteurs de pétrole. Les pays de l’OPEP ont manoeuvré pour faire monter les prix sur les marchés mondiaux – en réduisant la production -, mais rien n’y fait, les cours restent bas, au grand bonheur des pays acheteurs. Ce mercredi 17 mai le baril de Brent, référence du pétrole algérien, s’échange à 74,86 USD…

Quant au brut américain West Texas Intermediate, il ne fait pas mieux que 70,75 USD le baril. Mais selon les analystes les pays producteurs verront bientôt le bout du tunnel, au deuxième semestre de cette année. D’après les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) l’explosion de la demande sur les marchés à terme va submerger l’offre, ce qui automatiquement gonflera les prix.

La Tunisie, théoriquement, a encore de la marge puisqu’elle a corrigé le tir dans la Loi de finances 2023 en fixant le baril de pétrole à 89 dollars (75 dollars dans le précédent budget). On sait que le déficit énergétique et le poids de la compensation tourmentent les finances du pays depuis un paquet d’années, ce qui oblige les autorités à faire de la disparition des subventions un point phare des réformes imposées par le FMI. Mais voilà, le chef de l’Etat a mis son veto

Donc jusqu’ici Tunis surfe sur la baisse des prix du pétrole, qu’en sera-t-il pour les caisses publiques quand les cours remonteront ? La ministre de l’Energie a été éjectée pour avoir unilatéralement planifié l’extinction de la compensation et donc des hausses intempestives des prix du carburant. Comment va se dépatouiller le gouvernement avec les directives du président de la République ?

Le rapport mensuel de l’AIE, mis en ligne hier mardi 16 mai, table sur une tension au niveau des cours du brut dans les prochaines semaines. «Le pessimisme actuel du marché contraste fortement avec les équilibres de marché plus serrés que nous anticipons au second semestre, lorsque la demande devrait éclipser l’offre de près de 2 Mb/j», précise le document.

La même source ajoute : «alors que l’offre mondiale de pétrole devrait encore baisser ce mois-ci, avec l’entrée en vigueur des nouvelles réductions de l’OPEP+, les stocks mondiaux de pétrole pourraient à nouveau être sous pression […]. Des semaines de baisse des prix du pétrole, en raison des craintes d’une éventuelle récession, se heurtent aux perspectives d’une offre rare et d’une demande robuste plus tard dans l’année».

L’AIE a corrigé ses prévisions «de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2023 à 2,2 Mb/j». Une révision qu’elle justifie par un «rebond économique encore plus fort que prévu en Chine»…

«La demande record en Chine, en Inde et au Moyen-Orient en début d’année a plus que compensé la morosité de l’activité industrielle et de la consommation de pétrole dans l’OCDE. Cette dernière ne représente que 15 % de la croissance cette année […] Globalement, la demande mondiale de pétrole devrait atteindre en moyenne 102 Mb/j en 2023, soit 1,3 Mb/j de plus qu’en 2019», dit le rapport.

L’AIE est formelle : la demande va enfler sur les marchés et l’offre ne pourra pas monter en conséquence. «Les lourdes pertes de la région kurde du nord de l’Irak, à la suite de l’arrêt du pipeline d’exportation Irak-Turquie depuis la fin mars, les perturbations causées par les incendies de forêt au Canada, les protestations des travailleurs au Nigeria et les coupures liées à l’entretien au Brésil ont dominé l’actualité récente». Les effets de ces remous se feront sentir dès le deuxième trimestre 2023, argue l’organisation.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut