Non, la photo d’aujourd’hui samedi 23 octobre 2021, n’a pas été prise dans un quartier populaire du périurbain informel du Grand-Tunis ou dans l’un des réservoirs de misères dispersés sur toute la Tunisie, mais, il s’agit d’un véritable « gourbi » récemment construit au Rue du Pacha, au cœur encore battant, de la Médina de Tunis.
Evidemment, cette mascarade a été faite au vu et surtout au su des responsables chargés en principe de préserver le cachet authentique de la Médina dont la Cheikha de Tunis et les responsables de l’Association de la Sauvegarde de la Médina (ASM) et de l’Institut National du Patrimoine (INP).
Mieux encore, la construction se trouve à quelques dizaines de mètres du Siege de la Présidence du Gouvernement à la Kasbah et dans le circuit touristique de la ville où les hôtes de la Médina sont censés se promener et seraient charmés par sa magie et son originalité.
Juste à côté et plus exactement à la Rue Sidi Ben Arous, se trouve aussi un autre chantier d’une construction toute en béton qui sera bien sûr avec la bénédiction des autorités, un centre commercial avec ascenseur et tout ce qu’il faut pour pareils bazars…Un fonds étranger finance le projet d’après l’affiche placardée à sa façade.
Le domaine bâti à la médina de Tunis est en dégradation constante, particulièrement durant ces quelques dernières années, du fait de la négligence de sa réhabilitation et de l’absence de programme, à cet égard, outre l’anarchie urbaine qui l’a envahie d’une manière « systématisée ».
Egalement, d’autres facteurs contribue à la dégradation tels que la perte de fonction de la plupart des monuments à caractère culturel et religieux, de la suroccupation de l’habitat dans de mauvaises conditions sanitaires, aggravées par l’absence d’entretien, l’insuffisance et la vétusté des infrastructures (eau et égouts, en particulier), de l’hypertrophie des activités commerciales, celles du centre moderne en expansion comme celles qui sont liées à la consommation populaire et qui altèrent un bâti inadapté.
La dégradation du bâti, sa transformation ou sa démolition, risquent de faire disparaître progressivement l’enceinte ancienne de la Médina non seulement en tant que patrimoine culturel, mais aussi en tant que patrimoine immobilier que l’on ne peut espérer remplacer par un habitat nouveau dans les conditions économiques actuelles du pays.
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