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Polémique : Decathlon accusé de profiter du travail forcé des Ouïghours

Polémique : Decathlon accusé de profiter du travail forcé des Ouïghours

Le géant du sport Decathlon est au cœur d’une controverse après la diffusion d’une enquête de Cash Investigation et du média Disclose, l’accusant de s’approvisionner en textiles via un sous-traitant chinois suspecté d’exploiter le travail forcé des Ouïghours.

L’entreprise française, très appréciée des consommateurs, dément ces allégations et assure respecter des normes éthiques strictes.

Un sous-traitant controversé

L’enquête réalisée par Cash Investigation et Disclose met en cause Qingdao Jifa, un fournisseur chinois de Decathlon. Dans un reportage diffusé le 6 février sur France 2, une responsable de l’entreprise a affirmé que le coton utilisé dans la fabrication des textiles pouvait provenir du Xinjiang, une région où le gouvernement chinois est accusé d’exploiter les Ouïghours dans des champs de coton sous contrainte.

Si Decathlon sous-traite la fabrication de ses vêtements à cette usine, la responsable de Qingdao Jifa a tenu à préciser que la marque française était seule responsable du choix des matières premières. “Nous ne sommes qu’une usine de production, nous assemblons les produits”, a-t-elle expliqué.

Le Xinjiang, épicentre du travail forcé

Le Xinjiang est une région majoritairement peuplée de Ouïghours, une minorité musulmane fortement réprimée par le régime chinois. En 2019, les Xinjiang Papers, une fuite de documents dévoilée par The New York Times, ont révélé la mise en place de camps d’internement pour cette population. De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme accusent le gouvernement chinois d’y pratiquer une forme de travail forcé systématique.

Selon une étude du chercheur allemand Adrian Zenz, au moins un demi-million de Ouïghours seraient envoyés de force travailler dans les champs de coton. Ce rapport, publié par la fondation Victims of Communism, a été relayé par plusieurs médias internationaux, dont Libération et la BBC.

Interrogé par Cash Investigation, Adrian Zenz affirme que 90 % du coton chinois provient du Xinjiang, augmentant le risque que des entreprises internationales, même involontairement, profitent du travail forcé des Ouïghours.

Decathlon dément toute implication

Face à ces accusations, Decathlon a publié un communiqué affirmant que “100% du coton utilisé dans la fabrication de ses produits provient de sources engagées dans des pratiques plus responsables“. L’entreprise assure inclure uniquement du coton biologique ou recyclé et rejette toute implication dans le travail forcé.

“Nous poursuivons également nos efforts en vue d’une traçabilité complète de notre chaîne d’approvisionnement”, a déclaré un porte-parole. L’entreprise condamne fermement toute forme de travail forcé et affirme qu’elle “n’hésitera pas à réagir et à prendre toutes les mesures nécessaires si les faits étaient avérés“.

Un risque pour l’image de Decathlon 

Decathlon, qui appartient au groupe Mulliez, figure parmi les enseignes préférées des Français et mise sur une stratégie de prix accessibles. Cependant, cette politique de maîtrise des coûts pourrait ternir son image si elle s’avérait être liée à des pratiques controversées.

Ce scandale rappelle les difficultés des entreprises multinationales à garantir une traçabilité totale de leur production, notamment lorsque leurs sous-traitants se situent dans des pays soumis à des accusations de violations des droits de l’homme. Alors que les États-Unis ont interdit en 2021 l’importation de produits provenant du Xinjiang, Decathlon pourrait être contraint de renforcer ses mécanismes de contrôle.

En attendant, cette affaire soulève de nouvelles interrogations sur la responsabilité des marques internationales et leur capacité à vérifier l’origine de leurs produits.

 

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