L’institut d’émission tunisien traverse une période d’équilibre délicat entre contrôle inflationniste et soutien à l’activité économique.
Après avoir maintenu le Taux Moyen du Marché Monétaire (TMM) stable à 7,50% depuis avril 2025, la Banque centrale de Tunisie (BCT) fait face à des arbitrages complexes qui détermineront ses orientations pour les prochains mois. La question d’un éventuel assouplissement monétaire en septembre 2025 suscite l’attention des observateurs économiques, dans un contexte où l’inflation semble amorcer une trajectoire descendante.
Une stabilisation malgré des tensions sous-jacentes
Le Taux Moyen du Marché Monétaire (TMM) est resté stable au niveau de 7,50%, en juin 2025, pour le troisième mois consécutif, reflétant une politique monétaire accommodante adoptée par la BCT depuis le début de l’année. Cette stabilisation tranche avec la période précédente où le TMM évoluait autour de 7,99 % durant plusieurs mois de 2024.
L’évolution récente témoigne d’un assouplissement graduel des conditions monétaires, dans un contexte où l’institut d’émission cherche à préserver l’équilibre entre maîtrise des prix et préservation de la croissance économique.
Cette approche prudente s’inscrit dans une stratégie plus large où l’inflation persiste et que les déséquilibres économiques s’accentuent, la BCT s’appuie toujours sur des instruments monétaires classiques. L’institution monétaire navigue entre des impératifs contradictoires, cherchant à maintenir sa crédibilité anti-inflationniste tout en évitant un resserrement excessif qui pourrait compromettre la reprise économique.
L’inflation comme boussole des décisions monétaires
Les prévisions inflationnistes constituent l’élément central des arbitrages monétaires de la BCT. Selon les récentes prévisions de la Banque centrale, l’inflation devrait diminuer progressivement, tout en continuant à évoluer légèrement au-dessus de 5% entre 2025 et 2026. Cette trajectoire descendante, bien qu’encourageante, reste supérieure aux objectifs traditionnels de stabilité des prix, créant un environnement d’incertitude pour les décideurs monétaires.
Les prévisions tablant sur un taux d’inflation autour de 5% à fin décembre 2025, sont tout à fait réalisables en glissement annuel, selon les analystes financiers. Cette perspective offre une marge de manœuvre relative à la BCT, qui pourrait envisager un assouplissement mesuré de sa politique monétaire si la dynamique inflationniste continue de s’améliorer. Toutefois, la persistance de tensions sur certains segments de prix, notamment les produits alimentaires, impose une vigilance constante aux autorités monétaires.
Septembre 2025 : attentisme ou action ?
L’horizon de septembre 2025 s’annonce décisif pour l’orientation de la politique monétaire tunisienne. Plusieurs facteurs plaident en faveur d’une stabilité du TMM : la persistance de pressions inflationnistes résiduelles, l’incertitude économique internationale et la nécessité de préserver la crédibilité de l’institut d’émission. La BCT privilégie traditionnellement une approche graduelle, évitant les mouvements brusques susceptibles de déstabiliser les anticipations des agents économiques.
Néanmoins, l’évolution favorable de l’inflation depuis le début de l’année pourrait inciter les décideurs à envisager un ajustement technique du TMM. Une baisse modérée, de l’ordre de 25 à 50 points de base, permettrait d’accompagner la décélération des prix tout en soutenant discrètement l’activité économique. Cette option reste cependant tributaire de la confirmation des tendances inflationnistes favorables observées récemment.
Perspectives et équilibres monétaires
L’évolution du TMM en septembre 2025 dépendra largement de la capacité de la BCT à concilier ses objectifs multiples dans un environnement économique complexe. L’institut d’émission devra évaluer avec précision l’impact de ses précédentes mesures sur l’économie réelle, tout en anticipant les effets potentiels de nouvelles orientations monétaires. La stabilité actuelle du TMM à 7,50% offre une base solide pour des ajustements futurs, sans compromettre la crédibilité antiinflationniste de l’institution.
L’approche méthodique de la BCT suggère qu’un éventuel assouplissement monétaire en septembre resterait mesuré et conditionnel à l’évolution des indicateurs économiques. L’institut d’émission privilégiera vraisemblablement la prudence, maintenant sa politique accommodante actuelle plutôt que de risquer un relâchement prématuré de sa vigilance monétaire. Cette stratégie reflète la maturité institutionnelle d’une banque centrale consciente des enjeux économiques nationaux et de ses responsabilités dans un contexte régional et international incertain.
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