Economie

Pourquoi le ministre du commerce n’applique pas la loi pour lutter contre la hausse vertigineuse des prix ?

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Les prix de la plupart des biens de consommation, en particulier au cours la période récente, ont atteint des niveaux record. Pratiquement, toutes les tentatives pour freiner les hausses des prix ont échoué, sachant que plusieurs millions de citoyens dont les réfrigérateurs sont vides, souffrent de la baisse drastique de leur pouvoir d’achat, qui s’est effondré de plus de 80%. Des centaines de milliers de tunisiens ne mangent pas actuellement à leur faim…

Bien que l’économie tunisienne est une économie de rareté, qui représente un terrain favorable à la spéculation, l’augmentation arbitraire des prix par les détenteurs de monopoles et les rentiers, le ministère du Commerce, est toujours intervenu à travers le mécanisme de fixation des prix afin de réguler le marché et stopper les agissements des monopoles.

Le recours à ce mécanisme a été oublié depuis 2011 et l’Etat s’est désengagé progressivement de la régulation des prix.

Il est à noter, que d’après les données sur les prix et l’approvisionnement en légumes, fruits et poissons au marché de gros de Tunis, qui assure l’approvisionnement d’environ 40% de la population des gouvernorats du Grand-Tunis, du Cap-Bon et du Nord-Est, le taux d’accroissement des prix des légumes varie au 15 courant entre 17 et 91%.

Les prix des légumes ont bondi et leur taux d’augmentation est entre 4 et 29%. Quant aux poissons le taux de la progression pour plusieurs variétés varie entre 115 et 814%.

Cette situation montre que la plateforme de distribution le plus important en Tunisie, qui est le marché de gros de Bir El Kassaa, échappe totalement au contrôle du Ministère du Commerce dans les domaines de l’approvisionnement et des prix…

Il est à noter que la loi n° 36 de l’année 2015 promulguée en date du 215 septembre 2015 relative à la réorganisation de la concurrence et des prix, indique que les prix des biens, produits et services sont librement déterminés par le jeu de la concurrence mais sont exclus du régime de la liberté des prix, les biens, produits et services de première nécessité ou afférents à des secteurs ou zones où la concurrence par les prix est limitée soit en raison d’une situation de monopole ou de difficultés durables d’approvisionnement soit par l’effet de dispositions législatives ou réglementaires.

La liste de ces biens, produits et services, ainsi que les conditions et modalités de fixation de leur prix de revient et de vente sont déterminés par décret.

En outre, le législateur souligne au niveau de l’article 4 de la loi que des mesures temporaires contre des hausses excessives des prix motivées par une situation de crise ou de calamité, par des circonstances exceptionnelles ou par une situation de marché manifestement anormale dans un secteur déterminé, peuvent être prises par arrêté du ministre chargé du Commerce et dont la durée d’application ne peut excéder six mois.

En effet, il n’y a aucune explication au fait que le ministre du commerce n’a pas activé les dispositions de cet article en dépit de la criticité de la situation commerciale et d’approvisionnement des prix. L’ « ignorance » par le ministre de ces dispositions légales clés pour réguler le marché constitue une première en son genre…

De nombreux observateurs considèrent que la question de la régulation des prix est compliquée, notamment en ce qui concerne de nombreux produits classés libres au niveau des marges bénéficiaires et des prix à la distribution. L’aspect complexe de l’inflation des prix en Tunisie revient à l’accumulation de choix économiques inappropriés faits depuis des décennies et exacerbées au cours des dix dernières années.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek