Sante

Pourquoi les consultations médicales coûtent plus cher en 2025 ?

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Depuis le 1er janvier 2025, une augmentation des honoraires médicaux est entrée en vigueur en Tunisie, suscitant des débats au sein de la profession et dans l’opinion publique.

En médecine générale, les consultations passent désormais de 35-45 dinars à 40-55 dinars, tandis que celles de médecine spécialisée évoluent de 50-70 dinars à 55-80 dinars, soit une hausse de 5 à 10 dinars.

Les raisons derrière cette hausse

Trois facteurs principaux expliquent cette révision des tarifs :

  1. L’inflation persistante : Avec un taux dépassant 7 %, la hausse des coûts de la vie (loyers, biens, services) rend inévitable une augmentation des honoraires. Les tarifs n’ayant pas été révisés depuis deux ans, cette mesure vise à compenser la perte de pouvoir d’achat des médecins.

  2. Une fiscalité alourdie : L’impôt sur le revenu pour la tranche concernée est passé de 35 % à 40 %, tandis que la TVA de 7 % s’applique également aux consultations. Au total, près de 47 % des honoraires sont directement prélevés par l’État, justifiant une révision des tarifs pour maintenir la viabilité financière des cabinets médicaux.

  3. Freiner l’exode des compétences : La Tunisie fait face à un exode massif de ses médecins vers des pays offrant de meilleures conditions de travail. Cette augmentation vise à garantir un revenu minimum suffisant pour retenir les talents nationaux.

Une réforme qui divise

Malgré ses justifications, cette augmentation des honoraires médicaux suscite de vives critiques. Dans un contexte où le pouvoir d’achat des citoyens est en forte baisse, l’augmentation des coûts de consultation risque de limiter encore davantage l’accès aux soins.

Pour beaucoup de Tunisiens, cette hausse s’ajoute à une longue liste de charges quotidiennes croissantes, compliquant leur capacité à consulter un médecin dès les premiers symptômes, comme c’est déjà souvent le cas pour les soins dentaires.

Cette situation pourrait avoir des conséquences sur la santé publique. Un retard dans la prise en charge médicale entraîne souvent des complications, nécessitant des traitements plus longs et plus coûteux. Par ricochet, ce phénomène risque également d’alourdir les dépenses des caisses sociales, déjà fragilisées, augmentant les coûts des remboursements pour des pathologies plus avancées et complexes.

De plus, l’impact réel de cette mesure pourrait être limité. Une grande partie des médecins, en particulier ceux recevant peu de patients quotidiennement, ne verra pas de bénéfices significatifs. Pour eux, l’augmentation des honoraires ne compensera pas la baisse générale de fréquentation des cabinets.

Ainsi, bien que cette réforme soit présentée comme une nécessité pour les professionnels de santé, ses répercussions pourraient peser lourdement sur les citoyens et l’ensemble du système de santé.

Une approche plus équilibrée, prenant en compte les réalités économiques de la population, semble indispensable pour éviter une fracture médicale croissante.

Une réforme structurelle en attente

Face à ces limites, une réforme globale du secteur médical est nécessaire. En favorisant une coopération entre les secteurs public et privé, il serait possible de désengorger les hôpitaux publics tout en offrant aux citoyens un accès élargi à des soins abordables.

La médecine générale, qui pourrait résoudre jusqu’à 80 % des problèmes de santé, doit être au centre de cette transformation, avec des législations adaptées pour garantir la pérennité du système.

Cette réforme pourrait non seulement améliorer l’accès aux soins pour la population, mais aussi offrir des opportunités professionnelles aux jeunes médecins, réduisant ainsi leur propension à l’émigration.

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