Le moins qu’on puisse dire est que la sortie du président russe, Vladimir Poutine, sur l’élection américaine détonne et désarçonne : le maître du Kremlin a déclaré qu’il soutient la démocrate Kamala Harris face au républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre prochain. Il a tenu ces propos ce jeudi 5 septembre lors d’un forum économique à Vladivostok. Pourquoi Harris alors que tout indiquait que Trump aurait ses préférences pour des tas de raisons ? Parce que l’ex-président a fait beaucoup de mal à l’économie russe, avec des sanctions sans précédent, argue Poutine.
Le président américain sortant, Joe Biden, a «recommandé à ses électeurs de soutenir Kamala Harris, donc nous la soutiendrons aussi», a asséné le président russe. A noter qu’avant le forfait de Biden dans la course à la Maison Blanche Poutine avait dit publiquement qu’il souhaite que le démocrate garde les rênes du pays. Reste à savoir si sa préférence pour Harris cache des manoeuvres dont Moscou est coutumier ou si la Russie a fait ses calculs sur la base de la dynamique de la campagne des démocrates et de leurs bons sondages face aux républicains.
Plus étonnant encore – décidément ! – le maître du Kremlin, habituellement très avare en compliments, dit ceci de la vice-présidente américaine : «Elle a un rire si expressif et contagieux que cela montre qu’elle se porte bien». Poutine a ensuite martelé que Trump, à la tête des USA de 2017 à 2021, avait édicté «plus de sanctions à la Russie qu’aucun président» avant lui. Harris «s’abstiendra peut-être de faire ce genre de choses», ose espérer Poutine.
A noter que ces propos surréalistes à bien des égards tombent au lendemain d’accusations d’ingérences électorales lancées par Washington en direction de Moscou, que ce dernier réfute, comme à son habitude. Rappelons que la Russie est accusée d’être derrière des opérations secrètes, notamment sur les réseaux sociaux, qui ont impacté la présidentielle de 2016, raflée par Trump face à Hillary Clinton.
Par ailleurs les autorités américaines ont pris une batterie de mesures, dont des sanctions et des poursuites pénales contre des cadres du média russe RT, pour des présumées tentatives d’ingérence dans le scrutin de novembre 2024. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a rétorqué que les tirs de Washington sont un des aspects de la «campagne d’information (…) qui a été préparée de longue date et qui est nécessaire à l’approche de la dernière phase du cycle électoral»…
Elle a ajouté, dans un entretien avec l’agence de presse d’État Ria Novosti, que le Kremlin préparait «bien évidemment» une réplique à ces nouvelles sanctions qui fera «frémir tout le monde». Les responsables américains n’ont pas précisé qui des démocrates ou des républicains profiteraient de ces présumées ingérences. Toutefois le ministre américain de la Justice, Merrick Garland, a affirmé, en s’appuyant sur les services de renseignement, que «les préférences de la Russie n’avaient pas changé par rapport à la dernière élection». Comprenez par là que Moscou soutient “mordicus” Trump.
Et maintenant Poutine nous dit qu’il “vote” Harris en novembre 2024. Bon, dans l’absolu il n’est pas impossible qu’il ait bougé depuis que son “copain” Trump est de moins en moins fringuant face à l’énergie débordante de l’ancienne Procureure. Il est possible que le président russe fasse le pari de la démocrate pour qu’elle retienne ses coups quand il s’agira d’appuyer militairement l’Ukraine. Pourtant la dernière sortie de la dame de fer indique que sa main ne tremblera pas, pas comme Biden.
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