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Prendre en otage l’avenir du pays est plus grave que tout, pourquoi Saied ne s’occupe pas de Yaacoubi?

Prendre en otage l’avenir du pays est plus grave que tout, pourquoi Saied ne s’occupe pas de Yaacoubi?

On est à quelques encablures de la fin de l’année scolaire et il ne se passe rien. Aucun mouvement, aucune avancée. Je parle du dossier de la confiscation des notes de nos enfants. Cela fait des mois que Lassaad Yaacoubi et Nabil Houachi jouent au chat et à la souris avec les élèves et leurs parents, des mois qu’ils prennent en otage l’avenir de tout un pays, en toute impunité. Et quand on leur met à la face cette responsabilité historique, quand on leur parle de ce crime contre la nation ils répliquent benoîtement, avec l’outrecuidance et l’arrogance de ceux qui savent qu’ils ne risquent rien : “De toute façon l’année ne sera pas blanche“. Blanche ou pas on n’en sait rien à ce stade, ce qui est certain c’est que l’année est déjà bien noire.

Kaabi paye très cher, pas Yaacoubi et Houachi

Pour beaucoup moins que ça le secrétaire général du Syndicat des autoroutes, Anis Kaabi, qui a joué au dur en bloquant une route, s’est retrouvé au trou. A ce qu’on sache paralyser la circulation, fût-ce sur une autoroute, c’est beaucoup moins nocif que prendre en otage nos enfants, l’avenir de ce pays faut-il le rappeler. Yaacoubi et Houachi disent à qui veut l’entendre que ce conflit n’embarque pas les élèves, qu’il ne concerne que l’administration, que les notes sont communiquées aux élèves qui le désirent mais le fait est que tout le système est paralysé.

De fait personne ne sait comment finira cette année. Et puis de toute façon les dégâts sont déjà là, dans la tête de nos enfants avec des effets palpables que la Tunisie payera cher, sur des générations. Beaucoup de parents sont effrayés d’entendre leurs enfants débiter qu’il n’y aura pas de carnet de notes cette année, qu’il y aura un passage automatique des classes – le pays l’a déjà expérimenté avec Néji Jalloul – et que par conséquent il ne sert à rien de carburer dans les révisions…

C’est un état d’esprit qui fait de sacrés dégâts. Cette démobilisation générale est pire que tout pour des jeunes censés reprendre le flambeau, dans un pays déjà martyrisé par sa dite révolution. Après ça comment imprimer dans la tête de nos petits qu’il faut se lever le matin, trimer pour y arriver, mouiller la chemise pour atteindre ses propres objectifs et les desseins de la nation ?

Pendant ce temps ils mettent le tapis avant la mosquée…

Manifestement cette affaire n’empêche personne de dormir. Nos autorités, semble-t-il – en tout cas c’est la désastreuse impression qu’elles donnent -, ont le regard vers d’autres directions. Le chef de l’Etat, Kais Saied, préfère prendre de la hauteur, un peu trop, avec son Conseil supérieur de l’Éducation alors que les problèmes essentiels et basiques ne sont pas réglés. Vu d’ici ce Conseil c’est la charrue avant les boeufs ou le tapis avant la mosquée si vous voulez…

Quand à son ministre de l’Éducation, Mohamed Ali Boughdiri, il est beaucoup plus bavard et volontariste sur des sujets mineurs et factices tels qu’un feuilleton ramadanesque – d’ailleurs qui parle encore du feu de paille “Fallujah” ? – que sur des questions qui engagent le devenir de tout un pays. Nos responsables en sont là : ils brassent de l’air !

C’est comme si ce qui se passe dans les écoles publiques n’intéressait personne parce que justement les enfants de nos chers dirigeants sont soigneusement planqués dans la crème des écoles privées du pays, s’ils ne sont pas ailleurs, à l’étranger, dans des planques encore plus dorées. Si l’Éducation nationale a encore de la valeur pour nos élites dirigeantes qu’elles nous le démontrent en commençant par s’occuper de Yaacoubi, Houachi et de tout le reste.

On accélère de plus belle, droit vers le mur

On a compté sur le Tribunal administratif pour mettre le holà à ce scandale national, à l’arrivée la justice a béni les fossoyeurs de l’Éducation au motif que le préjudice dénoncé par la plainte des parents d’élèves n’est pas prouvé. On en est là, hélas. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Ce ne sont pas les têtes pleines que préparent les établissements privés qui sauveront à elles seules le pays, sans une dynamique générale aucun des objectifs nationaux ne sera atteint.

Le secteur éducatif est tellement à la dérive, avec une accélération folle depuis 2011, que la Tunisie n’est même plus sous les radars des rapports internationaux. C’est pire que les bas fonds des classements internationaux de l’après-Révolution : Nous avons tout bonnement disparu. Et nos autorités ne font rien pour que les choses changent…

 

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