Economie

Prix des fourrages : Une prédation des rentiers sans limites

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Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) vient de déclarer aujourd’hui mercredi 11 mai 2022 qu’il suit les grands mouvements sociaux des agriculteurs suite à l’accroissement des prix des fourrages par les sociétés qui les importent, où, l’une d’entre elle a augmenté, d’après le forum, les prix de 1230 à 1530 dinars, la tonne pour les fourrages des vaches laitières, et de 1029 à 1359 dinars, la tonne pour les fourrages d’engraissement. Cette augmentation, estimée à environ 300 dinars, a été décidée et mise en exécution aussi par les autres entreprises. 

Une vache consomme de 10 à 14 kilogrammes de fourrages par jour sachant qu’une vache qui consomme 14 kilogrammes produit environ 25 litres de lait, que l’agriculteur vend au centre de collecte à 1190 millimètres la litre. Ainsi, une vache consomme pour 21,280 dinars de fourrage (14*1530), tandis que l’agriculteur vend du lait à une valeur de 29,750 dinars, ce qui correspond à une très faible marge nette qui ne dépasse pas 8,5 dinars sans tenir compte des autres coûts de production.

Le forum considère que la tendance à l’augmentation des intrants dans le secteur de l’élevage est une menace à l’activité des petits agriculteurs et reflète l’échec des politiques agricoles et commerciales qui consacrent le soutien des rentiers de l’alimentation du bétail et le monopole du marché par quelques entreprises. 

L’agriculteur souffre de ces politiques en l’absence totale des structures gouvernementales notamment les ministères de l’agriculture et du commerce, et cette absence est considérée comme une complicité tacite avec les entreprises fournissant du fourrage qui dominent le marché et récoltent d’énormes profits aux dépens des agriculteurs sans aucun contrôle ni volonté des autorités pour résoudre ce problème, précise-t-on.

Le Forum considère que la poursuite de l’adoption de ces politiques va faire ruiner tout le système de production animale en Tunisie, d’autant plus que le secteur laitier contribue à hauteur de 11% à la production agricole et également pour 7% à la valeur ajoutée des industries agro-alimentaires, dans leur ensemble.

Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux appelle à la nécessité de développer une stratégie claire pour la promotion du secteur de l’alimentation animale, et ce particulièrement en ce qui concerne le contrôle des circuits de production, d’importation et de distribution.

Il appelle aussi à mettre fin aux politiques de monopole en matière de fourrage, qui détruisent directement les équilibres de la balance commerciale alimentaire et menacent la souveraineté alimentaire de l’État parallèlement à l’abandon des choix fondées sur la marginalisation du rôle de l’État dans le cadre d’une politique de régulation sectorielle agricole claire.

La ministre du commerce et de la promotion des exportations, Fadhila Rabhi, a déclaré aujourd’hui que la valeur de l’augmentation des prix des œufs, du poulet et du lait n’a pas été encore déterminée, mais qu’elle est toujours à l’étude.

Selon elle, l’accroissement des prix est la résultante des prix élevés des fourrages importés, un refrain tout simple d’une évidence constamment reprise par les responsables…

Rabhi assure que le gouvernement œuvrera pour que la hausse des prix ne soit pas conséquente étant donné le pouvoir d’achat du consommateur déjà vigoureusement touché. Entre temps, les agriculteurs accumulent les pertes et leur faillite est imminente alors que les rentiers font la loi dans l’indifférence totale de la ministre et du gouvernement. Sans commentaire.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek