Nous passons parfois de longues heures à regarder des émissions ou des films que nous n’apprécions pas, mais qui, pour une raison étrange, nous attirent encore et encore. Ce phénomène, connu sous le nom de hate-watching, consiste à consommer du contenu télévisuel ou cinématographique pour le plaisir de le critiquer ou de s’en moquer. Cette habitude, bien que paradoxale, est en réalité plus courante que l’on ne pense.
Avez-vous déjà regardé une série que vous trouvez mauvaise, mais que vous continuez malgré tout pour en commenter chaque détail avec vos amis ou sur les réseaux sociaux ? C’est exactement ça, le hate-watching. Prenons par exemple le film Sharknado, largement considéré comme l’un des pires films de l’histoire, mais qui a tout de même rapporté plus de 4 milliards de dollars. Ou encore la série Emily in Paris, qui, bien qu’elle ait reçu des critiques déplorables, a attiré près de 60 millions de spectateurs en un mois. Si nous détestons autant ces programmes, pourquoi continuons-nous à les regarder ?
Pourquoi regarde-t-on des contenus que l’on déteste ?
La recherche en psychologie explique le phénomène du hate-watching par la différence entre aversion et haine. Une étude publiée dans le European Journal of Social Psychology a révélé que la haine et le simple dégoût se différencient par leur intensité et leur caractère moral. Quand une personne pense à ce qu’elle déteste et à ce qu’elle n’aime simplement pas, les objets de sa haine sont perçus comme plus négatifs, et ils évoquent des émotions morales fortes comme le dégoût ou le mépris.
Ainsi, si vous détestez une série, la probabilité est forte que vous ressentiez un certain malaise moral, au point de percevoir cette émission comme offensante. Cette réaction émotionnelle intense dépasse alors le simple déplaisir et se traduit par une volonté de réagir. Il s’agit d’une sorte de frustration active, où l’on continue de regarder pour critiquer, commenter et partager ses opinions négatives.
Pourquoi le hate-watching est-il si satisfaisant ?
Si nous continuons à regarder des contenus qui nous agacent, c’est que, contre toute attente, cette pratique peut être plaisante pour deux raisons principales :
- La haine rend heureux
Certaines études montrent que ressentir des émotions intenses, même négatives comme la haine, peut en réalité augmenter notre bien-être. Lorsque nous nous adonnons au hate-watching, nous vivons des émotions fortes qui peuvent activer des réactions dans notre cerveau, comme la libération d’adrénaline ou de dopamine, des hormones liées au bonheur et au bien-être. Cela peut expliquer pourquoi, malgré le dégoût que nous ressentons, nous continuons de regarder pour éprouver cette excitation.
- La haine crée des liens sociaux
Se retrouver entre amis ou échanger sur les réseaux sociaux pour critiquer un film ou une série favorise les liens sociaux. Certains anti-fans se montrent même plus soudés que les fans classiques. Se rassembler pour critiquer renforce l’appartenance à un groupe et permet de se sentir validé dans ses opinions. Cette validation renforce notre estime personnelle et crée un sentiment de solidarité autour d’une opinion commune.
Le hate-watching : où est la limite ?
Bien que cette pratique soit divertissante, elle peut aussi devenir nocive si elle occupe une place trop importante. Le hate-watching, en particulier lorsqu’il devient une habitude, peut affecter notre bien-être mental. Regarder et critiquer en permanence peut renforcer une tendance au cynisme et à l’amertume, qui pourrait s’étendre à d’autres aspects de notre vie quotidienne. Si vous vous surprenez à devenir plus négatif ou critique dans d’autres domaines, il est peut-être temps de faire une pause.
Conclusion
Au fond, le hate-watching révèle à quel point nous sommes investis dans le contenu que nous consommons. Si la critique est parfois saine, il est important de trouver un équilibre. Alterner les sessions de hate-watching avec des activités plus positives, comme regarder des contenus inspirants ou divertissants, permet de conserver une attitude équilibrée et d’éviter de sombrer dans un cycle de négativité.
Sorce : forbes
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