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Psychologie : L’influence d’une enfance difficile sur la vie adulte et comment guérir les blessures du passé

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Il est souvent dit que la majorité de nos problèmes trouvent leur origine dans l’enfance. L’incertitude, l’indécision, la dépression, les relations toxiques, ou encore le sentiment d’inadéquation à l’âge adulte peuvent tous découler d’expériences négatives vécues dans notre jeunesse. Mais comment ces expériences influencent-elles notre vie d’adulte ? Comment identifier ce lien ? Et surtout, comment surmonter ces traumatismes d’enfance ?

 Qu’est-ce que l’expérience négative dans l’enfance ?

Lorsqu’on parle d’expériences négatives pendant l’enfance, on pense généralement aux abus physiques, émotionnels, sexuels, à la négligence, au rejet de la part des adultes, à l’ignorance des besoins de l’enfant ou au harcèlement à l’école. Cependant, même les enfants grandissant dans des environnements apparemment stables et aimants peuvent faire face à des facteurs négatifs.

L’excès de contrôle parental, des exigences trop élevées, le besoin des parents de voir leur enfant comme « le meilleur », ainsi que les comparaisons constantes avec les autres, peuvent créer des situations néfastes pour l’enfant. Cela peut, à long terme, provoquer un sentiment d’inadéquation et de pression.

Ainsi, l’expérience négative ne se résume pas seulement à des abus flagrants, mais englobe aussi les comportements parentaux bien intentionnés mais mal adaptés. Les enseignants, les pairs et même la société en général peuvent également contribuer à ces expériences. Par exemple, le harcèlement scolaire peut engendrer une insécurité chronique et un sentiment de rejet qui peuvent marquer la personne durablement.

 Ce que disent les chercheurs

De nombreuses études scientifiques ont démontré que les expériences négatives durant l’enfance augmentent considérablement le risque de développer des troubles psychologiques à l’âge adulte. On estime que près de la moitié des cas de dépression et d’anxiété chez les adultes sont directement liés à des expériences négatives vécues durant l’enfance. De plus, ces expériences peuvent entraîner des changements biologiques qui perdurent, surtout si les traumatismes ont été récurrents.

Des chercheurs américains ont découvert en 2022 que les personnes ayant ressenti un profond sentiment de solitude durant leur enfance (avant l’âge de 12 ans) réagissaient plus intensément au stress à l’âge adulte, les rendant plus vulnérables aux problèmes liés à l’alcool entre 18 et 29 ans. Ces études nous permettent de comprendre que le lien entre les difficultés psychologiques et les expériences négatives de l’enfance n’est pas une simple coïncidence.

 La réaction au traumatisme est-elle universelle ?

Nous vivons dans un monde imparfait. Même ceux qui ont eu une enfance relativement heureuse ne sont pas à l’abri de problèmes psychologiques. La manière dont un enfant perçoit et réagit à une situation dépend de son tempérament inné. Certains enfants sont plus résilients, tandis que d’autres sont plus sensibles. Une même expérience traumatisante peut donc affecter deux enfants de manière très différente.

La schémathérapie, une approche moderne fondée sur des preuves scientifiques, étudie la formation de la psyché adulte à travers l’interaction entre le tempérament inné et l’environnement. Les expériences négatives ou leur absence peuvent influencer le développement des schémas précoces inadaptés, qui sont à la base de nombreux troubles émotionnels à l’âge adulte.

 Comment repérer l’impact des expériences d’enfance dans sa vie adulte ?

Le créateur de la schémathérapie, le Dr Jeffrey Young, a constaté que certains patients ne réagissaient pas aux thérapies classiques parce qu’ils semblaient revivre sans cesse le même scénario. À partir de ces observations, il a dressé une liste de « schémas précoces inadaptés » – des schémas destructeurs ancrés dans l’enfance et nourris tout au long de la vie.

Voici quelques indices suggérant que vos problèmes actuels pourraient être liés à des expériences négatives de l’enfance :

Répétition de schémas négatifs : vous êtes constamment dans les mêmes situations, comme si vous rejouiez sans cesse le même scénario. Par exemple, vos partenaires ignorent vos besoins, vous changez souvent d’emploi sans atteindre vos objectifs, ou vous avez du mal à nouer des relations.

Sentiments d’enfance persistants : vous ressentez fréquemment des émotions similaires à celles que vous éprouviez enfant, comme l’anxiété, la vulnérabilité ou l’insécurité.

Difficulté à identifier ses besoins : vous avez du mal à comprendre vos propres désirs et à les satisfaire de manière saine.

Comportements d’autosoulagement : consommation d’alcool, dépendance à internet, alimentation excessive pour apaiser vos angoisses.

 Comment la psychologie moderne aide-t-elle à surmonter ces traumatismes ?

Les psychologues et thérapeutes, notamment ceux spécialisés en schémathérapie, travaillent à aider les adultes à identifier et à briser ces schémas inadaptés. Ensemble, ils renforcent deux aspects essentiels : le mode du « Parent Bienveillant » et du « Enfant Heureux ».

L’objectif est de vous permettre de devenir votre propre adulte compréhensif, capable de satisfaire vos besoins et de gérer les responsabilités. Cela implique également de retrouver la spontanéité et la capacité de jeu, des éléments essentiels pour se reconnecter à son enfant intérieur. Ce travail est long mais crucial pour construire une relation saine avec soi-même et les autres.

 Comment les parents peuvent-ils éviter de nuire à leurs enfants ?

Aucun parent n’est parfait et il est impossible de protéger complètement les enfants de tous les dangers, y compris de nous-mêmes. Cependant, quelques principes peuvent aider :

Respecter l’individualité de l’enfant : l’enfant n’est pas une extension du parent. Il ne devrait pas être le moyen de réaliser des rêves inassouvis.

Encourager la spontanéité : les enfants ont besoin de jouer et de s’amuser. Ne les privez pas de cette phase essentielle de développement.

Valider les émotions : les enfants ont des soucis, même s’ils nous paraissent insignifiants. Les minimiser revient à invalider leurs émotions.

Éviter l’excès de permissivité : l’éducation doit inclure des limites pour aider l’enfant à se construire et à connaître ses propres besoins.

Ce cheminement est essentiel pour comprendre les mécanismes qui nous entravent et, surtout, pour s’engager dans la voie de la guérison. Le bien-être à l’âge adulte passe souvent par la reconnexion avec l’enfant que nous avons été.

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