Leur prêter attention, c’est déjà leur offrir la possibilité de devenir des adultes épanouis.
À l’ère du numérique, le temps consacré à l’écoute réelle diminue dangereusement. En 80 ans, il est passé de 42 % à 24 % de notre communication quotidienne.
Les smartphones n’aident pas : ils s’interposent entre les parents et les enfants. On répond à des messages pendant une balade, on scrolle au café, on regarde une vidéo quand l’enfant parle d’un sujet important. Et dans le fond, ce n’est pas seulement une question de distraction. C’est aussi une question de regard porté sur l’enfant.
Comme le rappelle Alfie Kohn dans son livre Éduquer avec le cœur, la société perçoit souvent les enfants comme immatures, bruyants ou indisciplinés. Résultat : même les parents bienveillants ont tendance à minimiser leurs paroles, à les interrompre sans raison ou à ne pas les prendre au sérieux.
Le problème ? Cela abîme le lien parent-enfant et mine la confiance en soi du jeune.
En écoutant un enfant avec attention, vous lui montrez qu’il est digne d’intérêt. À l’inverse, si vous l’ignorez régulièrement, il peut grandir avec l’idée que ses idées ne valent rien. Cela peut le suivre à l’âge adulte.
La théorie de l’autodétermination affirme que chacun a besoin de se sentir autonome, compétent et relié aux autres. En écoutant vos enfants, vous encouragez leur autonomie. Vous les aidez à formuler ce qu’ils ressentent, ce qu’ils veulent vraiment, ce qui les intéresse. C’est essentiel pour qu’ils deviennent des adultes capables de faire des choix éclairés.
Les enfants imitent les comportements de leurs parents. Si vous écoutez sans lever les yeux de votre téléphone ou si vous les interrompez tout le temps, il y a de fortes chances qu’ils reproduisent cela plus tard dans leurs relations.
Pas besoin d’être disponible 100 % du temps. Il suffit parfois de dire calmement : « Je t’écoute dans 10 minutes », puis de tenir parole.
Si une discussion avec votre enfant n’aboutit jamais, c’est peut-être parce que ce n’était pas une vraie conversation, mais un monologue.
Le conseil d’Alfie Kohn : parlez moins, écoutez plus. Essayez de comprendre le besoin caché derrière un comportement dérangeant. Souvent, il suffit d’une question pour désamorcer une tension.
Exemple : un père demande à sa fille de 4 ans de ranger les snacks qu’elle a éparpillés. Elle refuse. Au lieu de s’énerver, il lui demande pourquoi. Elle répond : « Parce que je veux les manger. » Solution ? Ranger le bazar ensemble puis lui proposer de les manger à table. Et tout rentre dans l’ordre.
Éteignez la télé, éloignez le téléphone. Pourquoi ne pas instaurer un repas en famille sans écrans, ou profiter d’une promenade pour discuter ? Le calme favorise l’écoute.
Regardez votre enfant dans les yeux, laissez-le parler sans l’interrompre, reformulez ce qu’il dit pour vérifier que vous avez bien compris.
Exemple : s’il pleure sans pouvoir expliquer pourquoi, tentez : « Tu as l’air triste ? » ou « Quelque chose t’a contrarié ? » Il vous corrigera si besoin. Et parfois, il n’a même pas besoin d’une réponse, juste d’une présence rassurante.
Ne vous moquez pas, ne minimisez pas leurs peines, ne réagissez pas avec sarcasme.
Le ballon envolé, une mauvaise note ou une dispute dans la cour peuvent être des événements marquants pour eux. Même si cela vous semble anodin, écoutez avec sérieux. Mettez-vous à leur place.
Un bon auditeur ne cherche pas à répondre tout de suite, mais à comprendre profondément l’autre.
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