En 2021 les Qataris ont fait une timide incursion dans l’expérimentation de la démocratie, ils avaient élu au suffrage direct les deux tiers des membres de leur Conseil consultatif. Les esprits s’étaient emballés autour de ce premier succès qui en augurait d’autres. L’expérience tourne court, pas par une décision imposée d’en haut, ce sont les citoyens qui en ont décidé ainsi, à une écrasante majorité…
C’était le sens du référendum organisé le 5 novembre 2024, la participation a été forte, 84%, la décision prise aussi, avec 90% des voix : les citoyens valident la réforme constitutionnelle “proposée” en octobre dernier par l’Emir, Tamim ben Hamad Al-Thani. Il était question d’enterrer une première réforme, datant de 2003, pour amplifier la démocratisation de la vie politique.
Les Qataris ont donc renoncé à leur propre droit de voter pour une frange des membres du Majlis Al-Choura, le Conseil consultatif mis en place par la Constitution de 2003. En 2021 les électeurs avaient désigné 30 des 45 élus de ce Parlement, les 15 restants étaient l’affaire de l’Emir. Certes cette Chambre n’avait aucun pouvoir régalien mais elle représentait un jalon vers la démocratisation du petit émirat…
Mais voilà, à la mi-octobre l’Emir s’était plaint publiquement du mauvais virage pris par les élections, avec une coloration tribale qui aurait “nui ainsi à l’unité nationale”. Il ne peut en être autrement quand on sait que la citoyenneté dans beaucoup de pays du Golfe est disparate, et les droits et devoirs varient en fonction de l’ancienneté sur le territoire. Un système très complexe et discriminatoire que certains ont détourné au nom de leurs intérêts.
Par exemple le droit de vote était réservé à ceux dont la famille s’était installée au Qatar avant 1930, souligne le journal “Arab Digest”. Ce qui écarte d’office de nombreux membres de la tribu des Murrah, qui résident depuis toujours sur la frontière avec l’Arabie saoudite. Suffisant pour nourrir des soupçons de collusion avec d’autres pays – le royaume saoudien surtout – pour changer la nature du Qatar.
Donc terminé la périlleuse expérimentation, le Qatar fera comme ses voisins du Golfe, comme le Koweït qui a gelé les activités du Parlement et d’autres dispositions constitutionnelles, comme le Bahreïn qui fait machine arrière dans sa démocratisation. “Les familles régnantes du Golfe, si souvent désunies sur d’autres sujets, sont parvenues à un consensus. À savoir qu’elles n’ont plus du tout besoin d’envoyer des signes tangibles de démocratisation à leurs amis et alliés occidentaux”, conclut le journal.
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