Les compléments alimentaires sont largement consommés dans le monde entier, mais une étude récente menée par des chercheurs de l’Université du Michigan soulève des préoccupations concernant leur sécurité, en particulier pour certains produits à base de plantes.
Selon l’étude, des millions d’Américains consomment des compléments contenant des ingrédients qui pourraient être nocifs pour le foie.
Qu’est-ce qu’un complément alimentaire ?
Un complément alimentaire est un produit destiné à compléter l’alimentation. Il peut contenir des vitamines, des minéraux, des plantes, des acides aminés, et d’autres substances.
Contrairement aux médicaments, les compléments alimentaires ne sont pas soumis aux mêmes régulations strictes et ne font pas toujours l’objet d’études suffisantes pour prouver leur sécurité ou leur efficacité.
Résultats alarmants de l’étude
L’étude, publiée dans le journal JAMA le 5 août 2024, s’appuie sur des données recueillies entre 2017 et 2020 dans le cadre du National Health and Nutrition Examination Survey. Les résultats montrent que 4,7% des adultes interrogés avaient consommé des compléments contenant l’un des six plantes suivantes : curcuma, thé vert, ashwagandha, cohosh noir, Garcinia cambogia, et levure de riz rouge.
Ces plantes sont souvent promues pour leurs prétendus bienfaits pour la santé, mais l’étude révèle que leur efficacité et leur sécurité ne sont pas suffisamment prouvées. Par exemple, bien que le curcuma soit souvent utilisé pour ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, les essais cliniques n’ont pas réussi à démontrer une efficacité claire pour le traitement de l’arthrose. De même, les compléments à base de thé vert, souvent utilisés pour la perte de poids et l’amélioration de l’énergie, n’ont pas montré de résultats concluants dans des études rigoureuses.
Un marché en pleine expansion, mais des dangers cachés
Le marché des compléments alimentaires est immense, avec plus de 80 000 produits différents disponibles à l’achat dans le monde. Rien qu’aux États-Unis, les ventes de compléments ont dépassé les 150 milliards de dollars en 2023, un chiffre qui rivalise avec les ventes de médicaments sur ordonnance. Cependant, cette popularité croissante s’accompagne de préoccupations sérieuses.
Le Dr Robert Fontana, spécialiste des maladies du foie à l’Université du Michigan et auteur principal de l’étude, souligne que de nombreux compléments ne sont pas testés ou prouvés comme étant sûrs. “Nous ne cherchons pas à créer la panique, mais à sensibiliser les gens au fait que ces produits ne sont pas toujours aussi sûrs qu’ils le pensent”, explique-t-il.
Des inquiétudes croissantes
La Dr Alyssa Lichitsup, co-auteur de l’étude, a déclaré que l’intérêt pour ce sujet a émergé lorsqu’ils ont observé des cas de toxicité hépatique liés à l’utilisation de compléments alimentaires dans une étude précédente. Bien que l’étude actuelle n’ait pas pu établir de lien de causalité direct entre la consommation des six plantes étudiées et les maladies du foie, les chercheurs espèrent que leur travail incitera les médecins et les patients à être plus vigilants.
Les chercheurs soulignent plusieurs raisons d’être préoccupés par les compléments alimentaires : un manque de régulation gouvernementale, un intérêt insuffisant pour les examens médicaux, et des manipulations fréquentes des étiquettes. Le Dr Fontana a révélé que dans une étude précédente, il avait découvert que 50% des compléments analysés ne contenaient pas les ingrédients mentionnés sur leurs étiquettes.
Une prise de conscience nécessaire
Un autre problème majeur est que la plupart des utilisateurs consomment ces plantes sans l’avis d’un médecin, souvent pour améliorer ou maintenir leur santé. Cependant, en raison du manque de connaissances sur leurs effets, les médecins ne demandent pas toujours à leurs patients s’ils prennent des compléments.
L’étude souligne la nécessité d’une meilleure réglementation et d’une plus grande sensibilisation à l’égard des compléments alimentaires, afin de protéger les consommateurs des risques potentiels pour leur santé.
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