Les livraisons d’armes à la Russie jusqu’en 2020 en dépit de l’embargo, les achats de pétrole et de gaz russes qui continuent malgré les sanctions, et maintenant des importations de phosphate syrien en passant par des sociétés écrans pilotées à distance par un proche de Vladimir Poutine – autant dire le maître du Kremlin… Décidément les Européens accumulent les sorties de route face à des sanctions qu’ils décrètent publiquement et crient sur tous les toits mais n’assument pas.
La Syrie qui vend son phosphate en Europe au mépris du carcan des sanctions économiques aussi bien contre le régime syrien honni que contre les oligarques russes. On a tout dit et tout écrit sur Bachar Al-Assad, “le boucher de Damas”, mais manifestement son phosphate n’a pas d’odeur. C’est une enquête de journalistes qui a vendu la mèche. La réputation des Européens en prendra un sacré coup mais ils s’en remettront..
“Les pays européens ont récemment repris l’importation controversée de phosphate syrien”, en se faufilant dans les “failles dans l’application des sanctions économiques” qui s’abattent depuis des années sur le régime d’Al-Assad, indique une investigation journalistique internationale reprise par plusieurs médias dont le site libanais Daraj, cité par Courrier international…
Un “commerce du sang” alimenté par la Syrie et béni par l’Occident, au nom des précieux engrais pour une agriculture intensive sans laquelle l’Europe et le monde crieraient famine, un business qui “enrichit des oligarques sous sanction, des profiteurs de guerre, ainsi que des entités gouvernementales syriennes”.
Parmi ces “failles” il y a le fait que l’importation de phosphate syrien ne soit pas officiellement intégrée dans le dispositif de sanctions, néanmoins tout contrat avec le ministère du Pétrole et des Ressources minières syrien est prohibé. Alors tout “un réseau de sociétés fictives et d’intermédiaires” a été mis en place pour contourner les interdictions…
Avant le déclenchement de la guerre civile, en 2011, la Syrie était un des ténors mondiaux du phosphate. Rappelons que c’est grâce au coup de main russe que le régime a été solidement réinstallé, au prix de centaines de milliers de morts, surtout des civils. Alors Al-Assad a renvoyé l’ascenseur à Moscou en cédant la production et l’exportation du phosphate à deux entités russes, Stroytransgaz Engineering et Stroytransgaz Logistic, derrière lesquelles se cachent des sociétés écrans qui mènent directement au cercle du maître du Kremlin…
L’enquête pointe notamment Gennady Timchenko, l’un des premiers oligarques russes à avoir été visé par la frappe de l’Union européenne (UE) après l’incursion en Ukraine, en février dernier. Il a été démontré que du phosphate syrien a atterri dans plusieurs pays européens tels que la Serbie, l’Italie, la Bulgarie, l’Espagne, la Pologne et même l’Ukraine, avant le début du conflit avec la Russie. Le produit transitait principalement par la Roumanie…
“L’utilisation de sociétés fictives est une stratégie courante pour cacher le fait que des entités ou des individus sanctionnés profitent de ce commerce. […] Bien que ce soit légal sur le plan juridique, c’est également donner de l’argent à un régime qui viole les droits de l’homme et à une oligarchie russe sous sanctions”, conclut l’enquête.
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