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Que fait Biden à Djeddah, à deux pas de la Mecque, le Saint des saints?

Que fait Biden à Djeddah, à deux pas de la Mecque, le Saint des saints?

Air force One qui atterrit ce vendredi 15 juillet à Djeddah, la capitale saoudienne, à quelques encablures de La Mecque, le Saint des saints pour près de 2 milliards de musulmans. Qui l’eut cru il y a encore quelques mois. Oussama ben Laden, qui avait justement rompu avec son pays parce que les soldats américains y avaient mis les pieds, doit se retourner dans sa tombe. C’est la toute première fois qu’un président américain fait ce déplacement très symbolique, et il n’est pas venu pour faire du tourisme dans le désert…

La presse américaine tire à boulets rouges sur Joe Biden, lui rappelle copieusement les violentes charges qu’il a portées contre le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, suite à l’horrible assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Les médias rappellent à leur président tous ses propos sur les atrocités commises au Yémen par l’armée saoudienne. “He is eating crow” et autres joyeusetés crie la presse en direction du Démocrate…

Biden savait qu’il essuierait une pluie de critiques acerbes, qu’il devra porter ça sur son dos pour des mois. Mais il s’est dit que si sa mission-sacrifice est couronnée de succès il en tirera une gloire mondiale, voire même s’autoriser à briguer un second mandat, ce qui n’est pas gagné vu son impopularité chez ses électeurs, les Démocrates.

Le président français, Emmanuel Macron, a déclaré hier que le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, utilise le pétrole et le gaz comme des armes de guerre. Biden est justement à Djeddah pour tenter de convaincre son protégé saoudien qu’il est temps de retourner ces armes contre Poutine, contre l’inflation qui fait de gros dégâts dans l’économie américaine et dans le monde entier. L’idée est de négocier une hausse sensible de la production de pétrole. Et qui dit hausse du brut produit dit baisse de la pression sur le marché, et donc automatiquement repli des prix et de l’inflation mondiale.

Dans un premier temps cela permettrait à Biden de mieux défendre les chances des Démocrates aux élections à mi-mandat en novembre 2022, que son camp est certain de perdre à ce rythme. Ensuite cela lui permettrait de se requinquer pour la présidentielle de 2024. Une perspective qui vaut bien quelques petits arrangements avec celui qu’il qualifiait de diable il y a peu, le prince héritier saoudien…

Autre dossier brûlant : l’Iran. Les USA se préparent déjà à faire le deuil d’un accord avec Téhéran sur son programme nucléaire. Les Saoudiens depuis le début harcèlent les Américains pour ne pas pactiser avec les Iraniens, leurs ennemis historiques, ceux qui terrorisent les Wahhabites du Golfe au point de les empêcher de dormir. Biden verrait bien un enterrement en beauté de l’accord avec l’Iran en échange d’un coup de pouce de l’Arabie saoudite sur le front du pétrole…

Israël, qui partage avec les Saoudiens la détestation des Iraniens, surveille comme du lait sur le feu le voyage de Biden à Djeddah. Le président américain pourrait faire d’une pierre deux coups :

  1. Obtenir de Riyad qu’il pèse de tout son poids de premier producteur d’or noir pour soulager l’économie américaine et mondiale.
  2. Mettre la touche finale aux “Accords d’Abraham“, “l’oeuvre” de son prédécesseur, Donald Trump, en réalisant une normalisation diplomatique historique entre Israël et l’Arabie saoudite. L’affaire est très bien embarquée, dit-on. C’est aussi une preuve de plus, s’il en fallait, que quand il s’agit du petit-frère israélien, entre les Républicains et les Démocrates c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

Dans les deux cas ces chantiers, s’ils donnent les résultats escomptés, seront très profitables électoralement pour le locataire de la Blanche. Mais si ça fait pschitt il est à peu près certain qu’ils se mueront en cercueil politique pour Biden…

 

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