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Que sont devenus tous ces scientifiques tunisiens qui tutoyaient les Canadiens, les Chinois…?

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Agréablement surpris d’apprendre qu’un petit pays comme la Tunisie occupe la 5e place mondiale en termes de nombre d’étudiants membres de la prestigieuse société savante IEEE, à côté de grands pays comme l’Inde, les États-Unis, la Chine et le Canada! Ça augure bien pour l’avenir scientifique du pays!“. Ainsi s’est enthousiasmé sur Facebook Karem Chokmani, Professeur/chercheur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS, Canada). Le scientifique venait de consulter le rapport annuel de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), l’association professionnelle la plus grande au monde avec plus de 430 000 membres dans plus de 160 pays.

A noter que M. Chokmani parle du document qui a passé à la loupe les données de 2020. Alors questions : Depuis où sont passés ces brillants esprits tunisiens ? Que font toutes ces lumières présentement ? Il y a de fortes chances qu’ils aient pris le large, vers des cieux plus cléments, comme le Pr Chokmani…

Parmi toutes ces demandes de visa qui assaillent au quotidien l’Ambassade de France à Tunis et les autres combien d’ingénieurs dont la Tunisie a grand besoin pour son effort de développement ? Un gros paquet très certainement. Mais que voulez-vous quand un pays ne fait rien pour retenir ses enfants, quand au contraire il fait tout pour les rebuter.

On a appris ce lundi 22 mai que le ministre de l’Enseignement supérieur lance des chantiers universitaires à Gafsa. Tout ça est très bien, personne n’ose dire le contraire, mais combien parmi les futurs diplômés la Tunisie parviendra à capter ?

Ce n’est pas avec le budget famélique de la recherche scientifique, qui ne cesse de se réduire comme une peau de chagrin, que le pays parviendra à appâter ses cerveaux. Ces esprits ont besoin de mouvement, de progrès, de bonnes conditions pour étancher leur soif de savoir. De toute évidence ce n’est pas ce que leur offre leur patrie. Alors qui peut leur reprocher d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs ?

Bien entendu il y a quelques exceptions, des gens qui luttent contre vents et marées contre les pesanteurs et difficultés locales, contre les lourdeurs administratives mortifères. Ils arrivent même à concevoir des rebots qui trouvent preneurs en France et ailleurs ou des avions qui volent dans les quatre coins du monde. Mais il y a tout le reste, tous ces trains qui n’arriveront jamais à l’heure parce que personne ne les attend.

La Tunisie, avec l’indolence de ces pays qui se soucient très peu de leur devenir, regarde avec un oeil morne le spectacle des grandes boîtes qui viennent organiser des rencontres pour repartir avec nos ingénieurs. Il y a aussi ces formations renforcées par des partenaires étrangers et qui ont également pour but – mais personne ne le crie sur les toits – de repérer les lumières et de leur offrir, déjà, des planques dorées.

Chaque jour des talents formés avec les deniers du pays mettent les voiles. Très peu de gens s’en offusquent ou même le soulignent, les autorités locales bénissent et la grande majorité des Tunisiens passent leur chemin et en se disant que peut-être un jour ce sera leur tour. Ainsi va le pays…

 

 

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Publié par
Souleymane Loum