Economie

Quel est ce plan B qui autorise Tunis à évoquer l’expulsion de “l’ami” européen?

Quel est ce plan B qui autorise Tunis à évoquer l’expulsion de “l’ami” européen?

Avant-hier le FMI et les agences de notation, hier la Commission européenne pour la démocratie par le droit (appelée communément Commission de Venise) et aujourd’hui l’UGTT, avec cette grève générale du 16 juin prochain. Le moins qu’on puisse dire est que le chef de l’Etat, Kais Saied, multiplie les fronts. Ça en fait beaucoup des adversaires. Bon, pour le FMI c’est réglé, semble-t-il, le président de la République ne le canarde plus. Il serait très mal avisé de le faire alors que son gouvernement négocie en ce moment même avec l’institution internationale. Pour le reste les actes que posent Saied sont très périlleux pour la Tunisie…

Le dossier que Tunis a posé sur la table du FMI passe certes par sa cohérence et sa complétude – d’ailleurs ces aspects ont séduit le principal bailleur – mais il passe surtout par sa validation par la centrale syndicale. Le FMI a été très clair sur le sujet. Mais avec la décision de Noureddine Taboubi et compagnie de paralyser le pays ce 16 juin on n’en prend pas le chemin…

A part une rencontre que le secrétaire général de l’UGTT a qualifiée de protocolaire et une autre très laconique où les sujets clés ont juste été effleurés, le président de la République boude ostensiblement Taboubi. Un dédain qu’il ne cache même pas et qui commence sérieusement à énerver l’UGTT, alors que l’agence de notation Fitch Ratings en dit ceci : “L’adhésion de l’UGTT renforcerait la crédibilité d’un programme de réforme économique et augmenterait considérablement la probabilité d’un accord de financement avec le FMI”…

Qu’attend Saied pour parler en profondeur avec Taboubi ? Est-ce qu’il joue la montre pour abattre ses cartes au dernier moment, afin que les gestes mineurs qu’il fera passer pour des concessions majeures obtenues à l’arraché ? Nul ne le sait. C’est au président de la République qu’il faut demander…

Comme il faut lui demander sur quelle autre alternative il s’appuie pour rudoyer de la sorte le premier soutien et premier partenaire économique de la Tunisie, l’Union européenne (UE). Lors de notre dernière rencontre l’ambassadeur de l’UE à Tunis, Marcus Cornaro, avait évoqué la solidité du programme de réformes de la Tunisie et le coup de main que les Européens lui donnent auprès du FMI. Le même ambassadeur qui a réaffirmé que “l’UE restera un ami de la Tunisie“, quoi qu’il se passe. La sortie au vitriol de Kais Saied n’est pas de nature à mettre ses partenaires dans les meilleures dispositions…

A noter que c’est la délégation européenne à Tunis qui a sollicité le Commission de Venise pour passer au scanner les orientations politiques et constitutionnelles du chef de l’exécutif tunisien. Et cette commission, qui est un organe consultatif n’ayant aucun pouvoir décisionnel, a simplement fait son travail sur la base des idéaux démocratiques, certes sans concession, mais elle le fait avec beaucoup d’autres pays à travers le monde. Le président tunisien a eu tort de donner à cette affaire plus d’ampleur qu’elle ne méritait en allant jusqu’à évoquer l’expulsion des partenaires étrangers qui mettent leur grain de sel dans sa cuisine…

Ce n’est un secret pour personne : Tunis n’a pas de plan B, en dehors des canaux du FMI. On l’a bien compris dans la dernière intervention publique du gouverneur de la Banque centrale. Alors sur quoi se fonde le chef de l’Etat pour savonner de la sorte le planche de salut de la Tunisie ? A ce qu’on sache la machine économique n’a pas redémarré au point d’assurer au pays les moyens de sa subsistance. A ce qu’on sache Tunis ne fait pas mouvement vers l’alternative de beaucoup de pays africains, la Chine. Alors pourquoi Saied s’autorise à scier de la sorte la branche sur laquelle est assise la Tunisie ? Mystère total…

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