Economie

Quels sont les 9 pays européens qui demandent la fin du commerce avec les colonies israéliennes illégales ?

Neuf pays membres de l’Union européenne ont officiellement demandé à la Commission européenne de soumettre des propositions concrètes pour mettre fin aux échanges commerciaux avec les colonies israéliennes situées dans les territoires palestiniens occupés. C’est ce que révèle une lettre consultée jeudi 19 juin par l’agence Reuters, adressée à Kaja Kallas, la nouvelle haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères.

Les ministres des Affaires étrangères de la Belgique, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, la Pologne, le Portugal, la Slovénie, l’Espagne et la Suède sont les signataires de cette initiative diplomatique inédite. La France, poids lourd de la diplomatie européenne, ne figure pas parmi les signataires.

Une pression accrue sur Bruxelles avant le sommet du 23 juin

La lettre intervient à la veille du conseil des Affaires étrangères de l’UE prévu à Bruxelles le 23 juin, au cours duquel les chefs de la diplomatie européenne doivent réexaminer les relations économiques et politiques avec Israël, en particulier au regard des clauses relatives aux droits humains inscrites dans les accords bilatéraux.

La pression monte pour que la Commission européenne aligne sa politique commerciale sur le droit international, notamment à la suite de l’avis consultatif émis en juillet 2024 par la Cour internationale de justice, qui a qualifié l’occupation israélienne et la construction des colonies de violations du droit international.

Une dissonance entre valeurs et pratiques commerciales

Dans leur courrier, les neuf ministres notent que l’Union européenne, principal partenaire commercial d’Israël, n’a toujours pas proposé de mécanisme clair pour exclure les produits et services issus des colonies du marché unique. En 2023, les échanges de marchandises entre l’UE et Israël ont atteint 42,6 milliards d’euros, soit près d’un tiers du commerce extérieur israélien, bien que la part exacte liée aux colonies demeure non quantifiée.

Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a déclaré à Reuters que l’UE ne peut ignorer ses responsabilités éthiques et juridiques, ajoutant :

           « Le commerce ne peut pas être dissocié de nos principes. Nous devons garantir que nos échanges ne participent pas, directement ou indirectement, au maintien d’un ordre illégal. »

L’Irlande en tête de file : un pas concret vers le boycott

En parallèle, l’Irlande est devenue en mai dernier le premier pays de l’UE à entamer un processus législatif interdisant explicitement l’importation de produits issus des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le projet de loi approuvé par le gouvernement sera examiné au Parlement irlandais cet été, avec une possible entrée en vigueur d’ici fin 2025.

Cette décision s’inscrit dans un contexte politique tendu. L’Irlande, qui a reconnu l’État de Palestine en 2024, partage cette position avec l’Espagne, la Slovénie et la Norvège, et réagit à une série de faits marquants :

  • Le bilan humain tragique des offensives israéliennes à Gaza depuis octobre 2023 ;

  • La montée des pressions populaires et parlementaires en faveur d’une rupture claire avec Israël ;

  • Le refus israélien de coopérer avec l’UNRWA, agence onusienne de secours aux Palestiniens, qualifié par le Premier ministre irlandais Simon Harris d’« acte odieux et honteux » ;

  • Un sentiment d’empathie historique du peuple irlandais envers les Palestiniens, souvent mis en parallèle avec l’expérience coloniale britannique en Irlande.

Analyse Globale

Cette mobilisation européenne partielle met en lumière les divisions croissantes au sein de l’UE sur la gestion du conflit israélo-palestinien. Si les pays nordiques, ibériques et certains États d’Europe centrale prennent une position ferme en faveur du droit international, d’autres comme la France, l’Allemagne ou les Pays-Bas gardent une ligne plus prudente, souvent liée à des considérations diplomatiques et économiques.

Le signal adressé par ces neuf pays à Bruxelles est cependant fort : le statu quo est de moins en moins tenable à l’heure où les images de destruction à Gaza et l’impunité des colonies illégales sapent la crédibilité du discours européen sur les droits humains. La mise en œuvre de mesures commerciales restrictives, même ciblées, pourrait marquer un tournant historique dans la politique étrangère de l’UE, si elle parvient à s’imposer à l’agenda du Conseil européen.

Enfin, l’absence de la France parmi les signataires pourrait entamer son image de puissance équidistante dans la région, au moment où Paris cherche à jouer un rôle de médiateur sur la scène internationale.

Si l’UE ne parvient pas à dégager un consensus, les initiatives nationales comme celle de Dublin pourraient ouvrir la voie à une politique différenciée, où chaque État agirait selon sa propre évaluation du respect du droit international par Israël.

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