Economie

Qui veut affamer les Tunisiens ?

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Mohamed Lassaad Ben Salah, le président de la chambre nationale des grandes cultures vient de mettre en garde, à la fin de la semaine dernière, contre une volonté affirmée pour faire disparaître les semences locales adaptées au climat tunisien, de bonne qualité et à haut rendement.

Mohamed Lassaad Ben Salah a insisté, par ailleurs, sur l’existence d’une étroite collaboration entre la chambre et la Banque Nationale des gènes visant l’encouragement de l’utilisation des semences locales et ce, à l’instar de celle du type « Msakni » qui se s’est distinguée d’un rendement exceptionnellement important.

Il a ajouté que cette semence a permis de réaliser un rendement exceptionnel de 85 quintaux par hectare, dans certaines zones, telles que Kairouan, Msaken et Kasserine.

En revanche, il s’est alarmé en indiquant qu’on veut aujourd’hui faire disparaître les semences locales au profit de semences importées inadaptées au climat tunisien et à faible rendement pour affamer les citoyens, selon ses dires.

Néanmoins, ce problème lié à la volonté de quelques sociétés de commercialiser les semences importées pour remplacer les semences locales n’est pas nouveau. Néanmoins, le fléau s’est aggravé particulièrement, ces dernières années.

Et pour cause, force est de constater que la plupart des variétés des semences de plus en plus commercialisés auprès des agriculteurs proviennent de grandes entreprises multinationales présentes en Tunisie directement ou à travers des distributeurs avec une part de marché de 42% sans tenir compte des importateurs directs.

La majorité des champs destinés aux grandes cultures tunisiens sont colonisées, ainsi, par des semences non-reproductibles en dépit de la mobilisation des agriculteurs et de plusieurs opérateurs dans le secteur qui militent pour sauvegarder semences locales, libres et reproductibles.

A travers ces semences non-reproductibles importées, les agriculteurs se trouvent obligés à racheter chaque année leurs graines pour ensemencer leurs terres auprès des mêmes revendeurs et sont contraints d’utiliser les engrais et les pesticides qui vont avec. Par conséquent, les agriculteurs, sont devenus de simples sous-traitants auprès de ces sociétés.

Des agriculteurs et des experts, considèrent que les semences locales ont été carrément dérobées pour être brevetées et par la suite revendues en Tunisie.

Les chercheurs de la Banque des gènes, n’ont cessé aussi de tirer la sonnette d’alarme en affirmant que l’utilisation des semences commercialisées par de grandes multinationales ou des semenciers privés tunisiens, créé une dépendance vis-à-vis des fournisseurs. La banque a constamment encouragé les agriculteurs à produire leurs propres semences qui peuvent être replantées d’année en année.

Bien qu’ils ils ne sont pas nombreux, il y a en Tunisie des agriculteurs qui produisent leurs propres semences : plusieurs acteurs officiels et autres, à part l’UTAP qui garde le silence, essayent de les fédérer et organiser régulièrement des échanges, afin que l’agriculteur tunisien n’ait pas à acheter des semences non-reproductibles lorsqu’une variété vient à lui manquer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek