Economie

Radès : Le port infréquentable…

Radès : Le port infréquentable…

La Compagnie maritime d’affrètement (CMA-CGM) est un armateur de porte-conteneurs français. Son offre globale de transport intègre le transport maritime, la manutention portuaire et la logistique terrestre. Elle est une des premières compagnies mondiales du transport maritime et dispose d’un volume d’affaires important lié au trafic commercial entre plusieurs pays européens, dont principalement la France, et la Tunisie.

Le 16 juillet 2021, la compagnie a adressé une lettre aux autorités du port de Radès annonçant l’arrêt immédiat de son trafic sur le port jusqu’à nouvelle notification.

CMA-CGM a indiqué, à cet effet, qu’elle connait, depuis des semaines, des retards importants sur la destination Radès cumulant ainsi et en moyenne un séjour portuaire de 25 jours dû à la congestion et aux fils d’attente ce qui impacte négativement la productivité opérationnelle de la compagnie.

Elle a précisé que les réservations de fret peuvent être acceptées en contournant le port de Rades vers d’autres ports tunisiens comme Sousse, Sfax et Bizerte.

Ainsi, le message de la CMA-CGM est clair et dépasse la dimension typiquement commerciale pour déclarer le principal point de la chaine de valeur maritime de la Tunisie comme point noir parmi les ports de la Tunisie et la rive sud de la méditerranée.

Au fait, il est à noter que la Tunisie a perdu depuis dix ans 40 places au classement international établi par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) en matière de compétitivité des services portuaires, celui du « Logistic performance Index » en passant du rang 30 en 2007 à la 105e place en 2018.

Selon le responsable des opérations de la Banque mondiale en Tunisie, le port de Radès qui concentre 80% du trafic de conteneurs du pays est le maillon majeur d’intégration de la Tunisie dans les chaînes de valeur mondiales. Or, les indicateurs de performance de ce complexe portuaire sont en régression sensible depuis dix ans.

Le séjour des conteneurs au port de Radès est de 18 jours en moyenne en 2019, alors qu’il était de 10 jours il y a dix ans. Au Maroc, à titre comparatif, ce même séjour est de 6 à 7 jours. Cela signifie l’inefficacité des différents intervenants : Douane, contrôle technique, Société Tunisienne d’Acconage et de Manutention (STAM), Compagnie tunisienne de navigation (COTUNAV)… une réduction de dix jours correspondrait à une économie de coûts annuelle de 500 millions de dollars (1,25% du PIB).

Rappelons que les syndicats de la STAM, une société de services névralgiques pour l’économie tunisienne à forte intensité de main-d’œuvre, sont parmi les bastions historiques pour l’UGTT et sont à l’origine de plusieurs des grèves et blocages au port.

Pour mémoire, Badreddine Gammoudi, le président du comité de la réforme administrative, et de la lutte contre la corruption à l’ARP a déclaré dernièrement que les équipements et le système informatique du port de Radès ne fonctionnent pas convenablement et qu’il y a de la mauvaise gestion notamment au niveau des ressources humaines.

Les pertes annuelles, à ce titre, sont estimées à 1000 million de dinars, sans compter la mauvaise réputation du port, car certains navires cherchent constamment d’autres destinations pour le contourner, assure Gammoudi.

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