Economie

Rapport : 25,1% des tunisiens souffrent d’insécurité alimentaire et crise d’approvisionnements en céréales en vue

Rapport : 25,1% des tunisiens souffrent d’insécurité alimentaire et crise d’approvisionnements en céréales en vue

L’Afrique du Nord est entrée dans une crise de sécurité alimentaire : des pays de la région connaissent des niveaux d’inflation des prix des produits alimentaires jamais vus depuis les troubles civils du printemps arabe il y a dix ans, c’est ce que vient d’indiquer le « Middle East Institute – MEI », un think tank américain, dans un rapport qu’il a publié récemment

Bien que le courant maghrébin de la crise alimentaire ait été précipitée par la conjoncture économique locale et mondiale provoquée par le début de la pandémie de COVID-19 en 2020 et ses séquelles de 2021, la fragilité structurelle des systèmes alimentaires dans la région explique l’aggravation du problème, souligne-t-on.

On assure qu’au cœur de cette fragilité, se trouve l’échec de mise en œuvre de mesures adéquates pour faire face à l’impact de l’augmentation de la rareté de l’eau et le changement climatique.

L’Institut affirme que la principale vulnérabilité du Maghreb est sa forte dépendance vis-à-vis des importations de céréales, tant pour la consommation humaine que pour l’alimentation animale. Le prix moyen mondial des céréales a augmenté de 27,3% en septembre 2021 par rapport à septembre de l’année précédente et les prix ont, depuis, continué à grimper à un taux encore plus rapide.

Le MII affirme, en outre, concernant la Tunisie que la montée de l’insécurité alimentaire au pays est devenue un facteur déterminant dans la situation politique précaire du pays depuis l’adoption de la constitution en 2014.

Dans la période qui a suivi cet événement, l’insécurité alimentaire augmente à un rythme accéléré. Selon la FAO, 25,1% des Tunisiens sont dans un état d’insécurité alimentaire modéré à sévère entre 2018 et 2020, contre 18,2 % entre 2014 et 2016.

En dépit du fait que la Tunisie ait atteint l’autosuffisance en produits laitiers, légumes et fruits, le pays reste extrêmement dépendant des achats de céréales à l’étranger en raison de l’importation de 50% des céréales destinées à la consommation humaine et 60 % des ceux utilisés pour l’alimentation du bétail, souligne le rapport du MEI.

Les consommateurs tunisiens ont été quelque peu à l’abri du coût élevé de ces importations par le biais de subventions alimentaires gouvernementales. Toutefois, le choc économique du COVID-19 suivi de la montée en flèche des cours mondiaux des céréales face à la sécheresse locale montrent, selon l’institut, que les subventions alimentaires ne sont plus soutenables compte tenu de la fragilité des finances publiques.

Il a été noté qu’au cours du premier trimestre 2021, la balance commerciale alimentaire de la Tunisie a affiché un déficit de 251,7 millions de dinars (DT), contre un excédent de 176,8 millions de dinars à la même période de l’exercice précèdent alors que le 31 mars dernier, l’UGTT avait accepté les réformes économiques, y compris l’élimination des subventions alimentaires.

Aussi, il a été signalé qu’au premier semestre 2021, l’augmentation du taux des importations céréalières de la Tunisie a été de 20,9%, parallèlement à un déséquilibre montant de la balance commerciale alimentaire.

L’Office des céréales a acheté 50 000 tonnes de blé des commerçants européens en juin, puis un supplément de 100 000 tonnes en juillet, ainsi que 100 000 tonnes d’orge pour l’alimentation du bétail. Mais ces efforts se sont avérés trop tardives pour stabiliser les prix.

Les perspectives de la sécurité alimentaire jusqu’à présent ne se sont pas améliorée, assure le MII. Le déséquilibre du commerce alimentaire d’ici la fin de 2021 s’établira à 1,32 milliard de dinars, avec une hausse des prix des céréales importées 23,9% pour le blé tendre et 12,6 % pour le blé dur. Les prix des céréales fourragères ont également augmenté, l’orge enregistrant un bond de 18,4 % et le maïs un pic de 46,9%.

L’augmentation de la production céréalière nationale de la Tunisie ne sera ni rapide ni facile. La Tunisie a un problème de sécurisation des approvisionnements suffisants en engrais, dans un contexte de pénurie mondiale, car la flambée des prix de l’énergie a réduit la production dans de nombreux pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord et a causé l’augmentation des prix des engrais, précise le rapport du MEI.

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