L’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives vient de publier un rapport intitulé « Tableau de Bord de la Compétitivité Externe de la Tunisie ».
En dépit des étapes franchies en matière d’ouverture sur l’extérieur, la compétitivité externe de l’économie tunisienne demeure fragile. Un tel résultat se confirme par l’évolution de plusieurs indicateurs, indique le rapport.
L’ITCEQ affirme, sous cet angle, que nonobstant son amélioration, la diversification des exportations tunisiennes aussi bien par produit que par marché demeure en deçà de celle des principaux concurrents.
Au volet de la structure sectorielle des exportations, l’institut précise que le secteur des industries mécaniques et électriques (IME) n’a cessé de prendre de l’ampleur pour accaparer la part la plus importante dans le total des exportations tunisiennes de biens et ce, au détriment du secteur des textile, habillement et cuir (THC).
La structure sectorielle des exportations tunisiennes sur l’UE est comparable, surtout, à celle du Maroc et de la Turquie.
Concernant la part de marché sur l’Union Européenne (UE), la Tunisie a connu, sur la période 2011-2019, une perte de sa part de marché de biens contrairement à ses concurrents dont notamment le Maroc qui a enregistré une nette amélioration de la sienne et ce, comparativement à la période 2001-2010.
Pour le secteur « textiles, habillement et cuir » (THC), la Tunisie a connu une nette baisse de sa part de marché au profit du Bangladesh, du Pakistan et de la Pologne qui ont connu une augmentation remarquable de leurs parts respectives. Le Maroc, qui détenait, auparavant, une part de marché moins importante que celle de la Tunisie, a connu de meilleures performances au cours des dernières années.
Selon l’ITCEQ, le secteur des IME ait pu compenser, certes, dans une large mesure, l’essoufflement qu’a connu le secteur THC, mais sa part de marché s’est atténuée pour afficher une légère baisse en moyenne par an sur la période 2011-2019, contrairement à la majorité des concurrents dont on cite le Maroc qui a connu une remarquable hausse de sa part.
Également et contrairement à ses concurrents à l’exception du Singapour, la Tunisie a accusé une nette baisse de sa part de marché en produits chimiques au cours de la période 2011-2019.
On note, en outre, que les performances des exportations tunisiennes en produits de haute et moyenne technologie se sont améliorées au détriment des produits à faible technologie. Elles sont plus soutenues que celles du Maroc et de la Turquie pour les produits de haute technologie mais moins importantes que celles du Maroc pour les produits à technologie moyennement élevée.
Toutefois, ces performances demeurent modestes comparativement à certains concurrents qui se spécialisent de plus en plus dans la haute technologie. Il s’agit plus précisément de la Chine et du Vietnam en tant que pays asiatiques et de certains pays de l’Europe centrale et Orientale (PECO) à savoir la Pologne et la République Tchèque.
En se basant sur l’intensité de concurrence que subissent les exportations tunisiennes des secteurs THC et IME sur l’UE de la part de celles des autres fournisseurs de ce marché en 2019, la Chine ressort comme le principal concurrent de la Tunisie. Elle est suivie par le Bangladesh pour le THC et par les Etats-Unis pour les IME.
En se basant sur la similarité des exportations tunisiennes avec celles des autres fournisseurs de l’UE en 2019 pour les secteurs THC et IME, le Maroc, les PECO, l’Egypte et d’autres pays asiatiques constituent les premiers concurrents.
Pour mémoire, l’ITCEQ a publié en décembre 2018 un rapport sur le positionnement compétitif de l’économie tunisienne où il a assuré qu’au vu de la situation d’essoufflement et de ralentissement de l’activité économique, la Tunisie reste confrontée à des défis majeurs liés notamment à la croissance, à l’emploi, à l’investissement, aux équilibres macroéconomiques, à l’inflation, à la position extérieure du pays… etc.
Cette situation préoccupante s’est traduite, selon le rapport, par une position tardive du pays pour figurer parmi les moins performants. Les résultats du rapport sur le positionnement compétitif de l’économie tunisienne dégagent qu’en termes de compétitivité globale, la Tunisie se classe au 22ème rang en 2016 parmi 27 pays concurrents. Elle se positionne au 26ème rang en termes de compétitivité courante et au 20ème rang en termes de compétitivité potentielle.
Plusieurs facteurs ont affiché des signes de faiblesse et sont à l’origine de ces classements relativement retardés. Il s’agit essentiellement du manque de profondeur du système financier, le fléchissement de nombreux secteurs productifs le manque de concurrence sur le marché interne du fait des lourdeurs administratives et de la règlementation en vigueur.
Parmi les autres freins à la compétitivité de l’économie tunisienne, on cite la non-diversification des produits exportés par marché et, à moindre degré, par produit en plus de la lourdeur des procédures douanières se traduisant par des pertes de parts de marché sur l’UE, le manque d’attractivité des IDE, conjugué à un cadre réglementaire relativement rigide et ce, en plus d’un climat d’affaires peu propice à part le faible développement de l’infrastructure technologique et l’usage des TIC.
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