La Commission Tunisienne des analyses financières (CTAF) relevant de la Banque centrale de Tunisie (BCT) vient de publier hier mercredi 16 décembre 2020 son rapport d’activité pour les années 2018-2019.
Le rapport indique que 86 millions de dinars (26 millions d’euros) ont été gelés durant l’année 2020, dans le cadre de la démarche préventive des autorités monétaires contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Il s’agit d’un montant insignifiant du fait que selon un rapport de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (CESAO ou ESCWA en anglais), publié en Mai 2018, la Tunisie arrive en tête des pays arabes, en ce qui concerne les flux financiers illicites (FFI). Ces flux représentent 16.2% de la valeur du commerce extérieur du pays hors produits pétroliers, en termes cumulés (15.3 milliards de dinars soit 4.9 milliards d’euros, fin 2019).
Le rapport de la CTAF indique, par ailleurs, qu’au titre de l’exercice 2019, les trois principales infractions sous-jacentes liées aux risques de blanchiment d’argent, avérés et transmis au Procureur de la République, ont été la fraude et l’usage de faux, à raison de 36% du total des dossiers transmis en 2019 contre 50% en 2018, la contrebande, pour 29% du total des dossiers transmis en 2019, contre 41% au titre de l’année 2018 et la corruption, pour 12% du total des dossiers transmis, soit la même part accaparée en 2018.
En outre, la CTAF précise que le nombre des demandes d’informations (DI) qu’elle a émis, dans le cadre de ses activités, est passé de 1922 en 2017 à 3650 et 3132, respectivement en 2018 et 2019. Il apparaît, clairement qu’il n’y a pratiquement aucune corrélation, à cet égard, avec le volume des transactions financières et monétaires, sur le plan national.
De surcroît, l’évolution du nombre des DI, extrêmement faible, ne reflète nullement une approche efficiente de lutte contre blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en Tunisie, considérée par plusieurs rapports internationaux comme le pays de tous les risques, à ce titre.
Il est à rappeler que le spécialiste en économie et membre du comité directeur du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), Abdeljalil Bedoui a déclaré le 9 décembre courant que les sommes d’argents sorties illégalement du pays, depuis 2015, atteignent 11.4 milliards de dinars (3.5 milliards d’euros), bien plus que ce qui a été exfiltré avant 2011.
Sous ces différents angles, il est certain que des efforts cruciaux ne sont pas déployés en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux, la fraude fiscale et le financement du terrorisme, tout est question de volonté politique qui fait cruellement défaut pour des raisons aussi obscures que louches.
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