Economie

Rapport : L’encours de la dette extérieure représente 203,7% des exportations

Partager

Selon le nouveau rapport sur la dette internationale de la Banque mondiale (BM), les pays les plus pauvres éligibles aux financements de l’Association internationale de développement (IDA) – l’institution de la BM qui aide les pays les plus pauvres de la planète – consacrent aujourd’hui plus d’un dixième de leurs recettes d’exportation au service de leur dette extérieure à long terme, publique ou garantie par l’État, soit un niveau sans précédent depuis 2000, peu après le lancement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).

Situation critique

Le rapport a examiné en détail la situation de la dette extérieure par région et par pays en consacrant une fiche sur les principaux agrégats et ratio de la dette tunisienne. Les données révèlent clairement que la dette extérieure du pays est devenue insoutenable à cause du poids du service de la dette dans le revenu national brut et l’importance de la dette à court terme dans l’encours de la dette outre le poids impactant de la dette au niveau des ressources du secteur extérieur notamment en ce qui concerne les exportations.

Les chiffres de la BM indiquent que le ratio de l’encours de la dette extérieure rapporté au revenu national brut est passé de 51,4% en 2010 à 91,4% fin 2021. Cependant, l’encours de la dette représente 203,7% des exportations du pays à la fin de l’exercice précédent alors que le service de la dette pèse 21,2% dans le volume global de l’export.

Sous ce même angle, les données montrent que la dette à court terme représente 32,4% de l’encours global de la dette extérieure en 2021 contre 22,0% ce qui révèle la montée des dettes utilisées pour combler le déficit budgétaire par rapport à celles consacrées à l’investissement.

En outre, le ratio des réserves sur l’encours de la dette s’est nettement dégradé de 41,7% en 2021 à 20,3% au terme de 2021 ce qui pourrait accroitre les risques de défaut de paiement en cas de détérioration accrue du solde de la balance courante qui est négatif avec un déficit prévu, à ce niveau, à 10% du PIB pour l’année en cours.

Impératif de transparence

La BM a souligné, dans son rapport, que les vulnérabilités grandissantes de la dette soulignent le besoin urgent d’en améliorer la transparence et de fournir des informations plus complètes afin de renforcer la capacité des pays à gérer les risques d’endettement et à utiliser efficacement leurs ressources en faveur d’un développement durable. 

Toutefois, la Tunisie est un pays de plus opaque au niveau de la communication financière sur sa dette extérieure. Il suffit de citer, à cet effet, la non-divulgation par le gouvernement actuel du montant et des conditions d’un crédit récent accordé par l’Algérie et l’absence de publication de tout document adressé par les autorités concernant le crédit sollicité du FMI pour 1,9 milliards de dinars.

D’ailleurs, le bureau de la fondation allemande Heinrich Böll a évoqué dernièrement dans une étude intitulée « Cartographie de la dette publique extérieure tunisienne » que les données relatives à la dette tunisienne sont souvent désuètes, l’information, à ce titre, est dispersée, n’est pas disponible de manière complète et les différentes sources n’utilisent pas les mêmes typologies.

Les données sont parfois difficiles à croiser d’autant plus que les chiffres trouvés varient selon les sources : le ministère des Finances et la banque centrale ne présentent pas les mêmes taux d’endettement comparés à l’International debt statistics, un agrégateur de données géré par la Banque Mondiale, assure l’étude.

Elle précise que parfois, les données ne sont pas les mêmes dans les différentes versions en arabe, en français ou en anglais des sites officiels tunisiens.

La Tunisie n’a pas publié un rapport détaillé et complet sur sa dette publique depuis 2012.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek