Economie

Rapport : L’insécurité alimentaire menace la Tunisie (2/3)

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Nous continuons à publier le rapport intitulé « Situation fragile de la sécurité alimentaire au Maghreb : impact de la crise des céréales de 2021 en Tunisie, en Algérie et au Maroc » édité dernièrement par Le Middle East Institute (MEI) qui est un groupe de réflexion basé à Washington et qui se présente comme non partisan et cherchant à accroître la connaissance du Moyen-Orient.

Le rapport de l’institut spécialisé dans les questions géoéconomiques de la région MENA souligne pour le cas de la Tunisie que l’insécurité alimentaire croissante au pays est devenue un facteur déterminant de la situation politique précaire du pays depuis l’adoption en 2014 d’une nouvelle constitution. Dans la période qui a suivi cet événement, l’insécurité alimentaire a augmenté à un rythme accéléré, indique-t-on.

Selon la moyenne triennale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 25,1 % des Tunisiens étaient dans un état d’insécurité alimentaire modérée à sévère en 2018-20, contre 18,2 % en 2014-16.

Bien que la Tunisie ait atteint l’autosuffisance en produits laitiers, légumes et fruits, le pays reste extrêmement dépendant des achats céréaliers étrangers, important 50% des céréales utilisées pour la consommation humaine et 60% de celles utilisées pour l’alimentation du bétail, note le MEI. Les consommateurs tunisiens ont été quelque peu protégés du coût élevé de ces importations étrangères grâce aux subventions alimentaires gouvernementales.

Le choc économique du COVID-19 suivi de la flambée des prix mondiaux des céréales face aux conditions de sécheresse locales signifie que les subventions alimentaires de la Tunisie ne sont plus tenables compte tenu de la fragilité de ses finances publiques.

En raison du COVID-19, le déficit budgétaire de la Tunisie en 2020 a atteint 11,5% du PIB, le plus grand déficit en 40 ans. Afin de faire face à la crise sanitaire immédiate et à l’impact économique dévastateur de la pandémie, le gouvernement Hichem Mechichi, a accepté un prêt d’urgence de 750 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI) en avril 2020.

D’après le rapport, avec son économie battue et son gouvernement paralysé par une politique de partis parlementaires, la Tunisie a entamé 2021, le 10e anniversaire de son expérience de transition démocratique, dans une ambiance plus anxieuse que festive. Le mécontentement qui couvait depuis longtemps face à la détérioration des conditions de vie en raison de la mauvaise qualité persistante des services de base du pays a été encore exacerbé par le faible déploiement du vaccin COVID-19.

Au milieu de la flambée des prix alimentaires sans précédent depuis le printemps arabe, une nouvelle vague de protestations a éclaté. Après avoir connu une contraction de 8,8 % de la croissance de son PIB en 2020, la Tunisie devait encore couvrir des remboursements de dette de 5,8 milliards de dollars, dont 1 milliard de dollars étaient dus en juillet et août 2021. Fin mai 2021, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a averti que ne pas accepter de nouvelles mesures du FMI conduirait à une flambée de l’inflation à trois chiffres.

On assure, également, qu’au cours du premier trimestre 2021, la balance commerciale alimentaire de la Tunisie a affiché un déficit de 251,7 millions de dinars tunisiens (DT), inversant l’Excédent de 176,8 millions de DT au cours de la même période de l’année précédente.

Le 31 mars, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) avait d’accepter la réforme économique, y compris l’élimination progressive des subventions alimentaires, comme condition préalable nécessaire pour que le gouvernement Mechichi entame des pourparlers avec le FMI.

Cependant, en juin 2021, le rapport du MEI rappelle que l’UGTT a annulé son soutien à Mechichi affirmant que le gouvernement n’avait pas fourni un filet de sécurité suffisant, l’UGTT a critiqué les augmentations des prix des denrées alimentaires et d’autres matières premières, attribuées à la mise en œuvre des mesures de réduction des coûts inspirées par le FMI. A suivre

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI