Economie

Rapport : L’OTE appelle à établir une stratégie de négociation de la dette extérieure

Rapport : L’OTE appelle à établir une stratégie de négociation de la dette extérieure

« C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien… Mais l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage ». Cette petite phrase, que l’on doit avoir entendu plusieurs fois dans notre vie, reflète parfaitement la situation de l’économie tunisienne avec la chute inédite de ses paramètres fondamentaux dont particulièrement la création de valeur et la gestion des finances publiques tombant chaque jour dans les précipices, en dépit des propos « rassurants » des responsables.

L’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE) vient de publier une évaluation de l’investissement et des objectifs du développement durable en Tunisie. Ce travail a été publié au rapport « Arab Watch » du réseau des organisations arabes non gouvernementales du développement.

L’évaluation vise à analyser le contexte national du développement économique en Tunisie, principalement à travers une analyse approfondie des investissements étrangers, des partenariats public-privé et des politiques de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), indique l’OTE qui précise que depuis les années 90, la stratégie nationale de développement s’est caractérisée par une grande dépendance à l’égard des investissements directs étrangers (IDE) pour soutenir la croissance et créer des opportunités d’emploi.

 

En effet, les autorités tunisiennes se sont concentrées sur l’attraction des IDE en partant de l’hypothèse que les entreprises sont la principale source d’emplois et de création de richesse, d’innovation et de bien-être économique de la société.

Depuis les années 1990 et la mise en œuvre du plan d’ajustement structurel du FMI, le modèle de développement économique du pays repose sur l’engagement de la Tunisie dans le commerce mondialisé, de ce fait, le développement s’est concentré sur le littoral au détriment des régions de l’intérieur, assure l’évaluation de l’observatoire. Le modèle a été mis en évidence lors de la conférence internationale sur l’investissement « Tunisie 2020 » qui s’est tenue en 2016.

Au cours de la conférence, les autorités nationales ont présenté le Plan de développement 2016-2020 aux partenaires internationaux sur la base du même discours axé sur l’attraction et la stimulation des IDE. La conférence et le Plan de développement sont révélateurs de l’accent mis par la Tunisie sur le financement du développement par le biais de capitaux privés étrangers. Depuis 2021, plusieurs réformes ont été adoptées pour attirer les IDE. De plus, ces années ont vu l’émergence d’un tournant vers l’entrepreneuriat et les startups, avec l’adoption du Startup Act en avril 2019.

L’OTE révèle que ceci souligne qu’ainsi, il semble y avoir une continuité dans la politique économique adoptée avant 2011. Les autorités utilisent le même discours économique pour légitimer les politiques fondées sur la déréglementation et la privatisation.

Sous cet angle, l’OTE assure que les autorités nationales continuent de maintenir le même discours et les mêmes stratégies axées sur l’attraction et la stimulation des IDE en Tunisie pour créer des emplois et de la valeur ajoutée sans s’attaquer aux inégalités régionales en termes de développement et de marginalisation régionale.

L’Observatoire recommande, à cet effet, l’adoption d’une véritable stratégie de développement industriel et agricole visant à renforcer la production locale et développer les capacités productives nationales pour créer des emplois et un développement durable qui prend en compte une meilleure gestion des ressources naturelles et les enjeux environnementaux.

Si la promotion de l’entrepreneuriat est une étape cruciale, elle ne remplace pas une stratégie nationale qui vise à développer un secteur privé national solide, contribuant au développement régional pour réduire les inégalités, créer de la valeur ajoutée et générer des opportunités d’emploi. En plus, renforcer le rôle régulateur de l’État et mieux négocier avec les institutions financières internationales (IFI) pour maintenir des instruments financiers spécifiques, doit constituer le levier effectif pour mettre en œuvre les politiques de développement.

L’OTE propose, à ce titre, de :

• Revoir le cadre juridique des investissements en adoptant une réglementation dirigée en fonction du renforcement des capacités productives nationales industrielles et agricoles et de la valeur ajoutée,

• Adopter une politique d’incitations et de subventions ciblées pour soutenir les filières et les investissements dans les régions marginalisées,

• Revoir la répartition des ressources financières dans les régions pour remédier aux dysfonctionnements en matière d’infrastructure et de services sociaux qui doivent être principalement comblés par des investissements publics,

• Auditer régulièrement la dette publique extérieure et les conditions qui leur sont associées pour mieux les négocier et évaluer leur impact sur le développement durable et les droits fondamentaux des citoyens,

• Établir une stratégie de négociation de la dette sur la base des résultats d’audits réguliers.

 

 

 

 

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