Le soufflet autour de la tentative de coup d’Etat commence à retomber, les enquêtes prennent le relais avec leurs lots de révélations explosives. Le porte-parole de l’armée congolaise a déballé sur la place publique ce mardi 21 mai le nom du troisième Américain présumé mouillé dans le putsch raté contre le président Félix Tshisekedi le week-end dernier. Le général de brigade Sylvain Ekenge a dit à l’Associated Press (AP) que le troisième larron était Taylor Thomson…
Ce n’est pas la famille Corleone mais tout de même…
Le haut gradé n’a pas dit tout de suite si le dénommé Thomson faisait partie des individus arrêtés ou abattus le 19 mai au matin suite aux assauts contre le palais présidentiel et la résidence d’un proche collaborateur du président Tshisekedi. A noter que Christian Malanga, le cerveau présumé de l’opération, a trouvé la mort dans un échange de tirs avec les forces de sécurité. On dit de lui qu’il est naturalisé Américain mais le Département d’Etat ne l’a pas formellement confirmé.
Quant aux deux autres Américains cités l’un était un “trafiquant de marijuana” condamné et le second le fils de Malanga, Marcel, âgé d’à peine 21 ans. Les autorités essaient de déterminer ce qui a fait basculer le jeune homme de l’école de football de l’Utah (ouest des Etats-Unis) à la tentative de coup d’Etat en République démocratique du Congo (RDC). “Mon fils est innocent“, clame sa maman, Brittney Sawyer, dans un e-mail adressé à l’AP hier lundi.
La dame publiait fréquemment des photos de famille sur les réseaux sociaux, l’une d’elles montrait en décembre dernier Marcel, sa jeune sœur et un petit, portant des pyjamas de Noël assortis. Donc en apparence une petite famille heureuse. En 2020 la mère a posté des photos de Marcel faisant un peu de musculation et effectuant des pas de danse durant le confinement. Mme Sawyer n’en démord pas : son fils a été influencé par le papa…
“Il s’agissait d’un garçon innocent qui suivait son père. Je suis tellement fatiguée de toutes ces vidéos qui sont postées partout et qui me sont envoyées. Dieu s’occupera de vous !“, a-t-elle martelé dans un post sur Facebook hier lundi. La dernière vidéo de Marcel sur les réseaux sociaux le montre à côté d’un homme blanc qui baignait dans une mare de sang, enveloppés par la poussière et bien gardés par des soldats congolais. Le jeune avait les mains levées et la terreur se lisait sur son visage.
Pour le cerveau d’un putsch “il n’était pas très intelligent”
On ne connait pas les détails exacts de l’enrôlement des autres Américains par Malanga pour s’en prendre à l’État congolais. Sa relation avec Benjamin Reuben Zalman-Polun, qui a été inculpé en 2015 pour trafic de marijuana, vraisemblablement a été facilitée par une société d’extraction d’or montée au Mozambique en 2022, d’après un journal officiel publié par le gouvernement mozambicain et un document rapporté par Africa Intelligence.
Le business américain Cole Ducey, cité comme dirigeant de la société minière par le journal mozambicain, a dit avoir fait la connaissance de Malanga par le biais d’une relation commune il y a quelques années ; ils projetaient alors d’investir ensemble dans des concessions minières au Mozambique. Ducey a affirmé par ailleurs qu’il avait conversé avec Zalman-Polun, que Malanga avait connu à Washington, D.C.
Ducey soutient qu’ils n’ont jamais évoqué la situation politique en RDC ou les appétences de Malanga pour le pouvoir. Finalement l’affaire entre les deux hommes serait tombée à l’eau, dit la même source. “Nous avons simplement examiné quelques concessions minières au Mozambique“, a déclaré Ducey au sujet de Malanga. “Je ne le connaissais pas très bien, mais d’après ce que j’ai compris, il n’était pas très intelligent“, a-t-il asséné…
Il est vrai qu’il ne faut pas être très futé pour s’attaquer à toute la force publique en étant si peu soutenu et armé. Toujours est-il que Ducey soutient qu’il n’est en rien mêlé à ce coup de force et qu’il n’a eu aucun contact avec Malanga et Zalman-Polun depuis près de deux ans. Reste le mystère de l’irruption des assaillants dans le palais présidentiel, censé être le lieu le mieux gardé de Kinshasa.
D’après Dino Mahtani, qui a travaillé en RDC durant des années en tant que journaliste puis comme conseiller politique auprès de l’ONU, Malanga avait probablement été piégé ou trahi. “Il est vraiment difficile d’imaginer comment 20, 30 gars ont pensé qu’en prenant d’assaut le palais présidentiel quand il n’y a personne à 4 heures du matin, ils pourraient en quelque sorte prendre le contrôle de l’État congolais (…). Il pourrait s’agir de comploteurs externes, mais étant donné ses relations étroites avec au moins l’un des commandants militaires actuels de Tshisekedi, il est possible que le complot ait été connu à l’intérieur du pays“, a-t-il conclu.
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