La guerre à l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a des développements inattendus dans la capitale, Kinshasa. Des manifestants ont déversé leur bile sur les ambassades du Rwanda, de la France, de Belgique et des États-Unis. Ces bâtiments censés être inviolables parce qu’ayant le statut universel de territoires étrangers ont été pris pour cible ce mardi 28 janvier…
Les boucs émissaires, les mêmes depuis les indépendances
Les médias rapportent que de la fumée s’échappe de la représentation française, donc l’attaque est sérieuse. “L’ambassade de France à Kinshasa a été attaquée ce matin par des manifestants, qui ont provoqué un incendie désormais maîtrisé. Ces attaques sont inadmissibles. Tout est mis en œuvre pour assurer la sécurité de nos agents et ressortissants“, a commenté sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Voilà, comme à chaque fois que quelque chose grippe, coince, on s’en prend à la France. La chose est impensable en Afrique anglophone, qui a pourtant vécu les mêmes tourments infligés par la colonisation et dont les dégâts perdurent d’ailleurs. Mais les pays anglophones ont la sagesse de ranger ces douloureux souvenirs dans les bonnes cases pour regarder vers l’avant, pour se bâtir un avenir…
L’Afrique du Sud le fait, avec des succès éclatants même s’ils sont émaillés par quelques échecs cuisants. Le Nigéria chemine sur la voie du progrès, sans minorer les ratés. Le Ghana est en train de gagner ses combats pour le développement, sans bruit et en restant résolument sur les rails de la démocratie. Ne parlons même pas du Kenya, le moteur de l’Afrique de l’Est, une valeur sûre pour les gros investisseurs étrangers. Etc.
Pendant ce temps une grande partie de l’Afrique francophone se vautre dans un sentiment anti-français alimenté par un populisme mortifère qui n’a rien apporté aux populations, à part une victimisation chronique qui nous détourne de l’essentiel : des efforts sincères pour s’extirper du sous-développement et de la pauvreté endémiques. Le réflexe pavlovien des boucs émissaires suffit à leur bonheur, et bien qu’ils y restent pendant que l’Afrique anglophone pulse et performe.
Que les Congolais s’en prennent au puissant et encombrant voisin, le Rwanda, dont la responsabilité dans l’armement des rebelles du M23 est établie – d’ailleurs le président Paul Kagame ne s’en cache pas -, pourquoi pas. Mais que font la France, la Belgique et les USA dans cette affaire, au point que leurs ambassades soient attaquées ?! De toute évidence ces pseudo partisans du président Félix Tshisekedi se trompent d’adresse, se trompent sur toute la ligne tout court. Ils se fourvoient royalement et se perdent dans des sentiers qui ne régleront aucun de leurs problèmes.
Kagame et Macron ont bon dos, qu’a fait Tshisekedi après 6 ans de règne?
Pourquoi les Congolais ne demandent pas des comptes à leurs gouvernants ? Ils pourraient leur demander pourquoi la RDC reste scotchée dans les bas fonds en dépit de ses immenses richesses minérales, parmi les plus importantes du continent ? Ils pourraient demander au chef de l’Etat ce qu’il a fait de ces années au pouvoir, 6 ans tout de même ? Pourquoi rien n’a été fait pour doter le pays d’une armée suffisamment forte pour bouter hors du territoire une poignée de rebelles armés par le voisin – le Rwanda ?
Ce sont de bonnes questions, les seules qui s’imposent ! Tout le reste n’est que théories et arguties fumeuses. Des écrans de fumée, partout, alors que la faillite de nos élites saute aux yeux, comme le nez au milieu de la figure. Le président Tshisekedi certes en a beaucoup fait pour relever un pays gangrené par la corruption, le népotisme, la dilapidation des deniers publics, la prévarication, la gabegie, etc. Il a lancé des projets sans précédent pour améliorer les indicateurs macroéconomiques, mais à l’évidence il ne va pas assez vite, pas assez loin, pas assez fort.
Quand le président français, Emmanuel Macron, était venu à Kinshasa, en mars 2023, il avait eu un échange très musclé, en public, avec son homologue congolais. Le pugilat Macron aime ça, un peu trop d’ailleurs. Son goût pour la castagne, sa fatuité, sa suffisance et son arrogance ont fait de sacrés dégâts en Afrique, ruinant méthodiquement le legs historique de ses prédécesseurs. Mais il faut reconnaître qu’il a eu raison de refuser que Tshisekedi lui colle tous les maux du pays, de l’Afrique…
Comme Macron a eu raison de dire – même si la formulation a été désastreuse – qu’en 2013 n’eussent été les troupes françaises les djihadistes camperaient au coeur du Mali, dans la capitale, Bamako, et très probablement y seraient encore en 2025. Ce sont des faits, une vérité historique. Le chef de l’Etat français n’est peut-être pas le meilleur interlocuteur pour les Africains, mais ayons le courage et l’honnêteté de regarder en face ce qu’il dit, dans le fond.
Ayons l’honnêteté intellectuelle de faire notre introspection, de regarder nos propres turpitudes. Sortons enfin des faux-fuyants pour se donner une vraie chance de décoller, autrement dans plusieurs décennies on végétera encore dans la fange du sous-développement.
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