Les choses se gâtent pour le président Félix Tshisekedi. Les rebelles du M23, armés et épaulés sur le terrain par le Rwanda, ont mis la main sur Goma, la plus grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Et ils ne s’arrêteront pas là, ils lorgnent la capitale, Kinshasa, autant dire la chute du régime. Des développements inquiétants qui rappellent la marche victorieuse des groupes armés conduits par Laurent-Désiré Kabila, en 1997. Le dictateur Mobutu Sese Seko avait fini par fuir le pays pour aller terminer ses jours au Maroc.
«Nous allons le [Félix Tshisekedi] combattre jusqu’à ce que nous arrivions à Kinshasa», a clamé hier jeudi 30 janvier Corneille Nangaa, l’un des leaders politiques du M23, lors d’un point de presse. Il n’a pas précisé comment il comptait s’y prendre pour rallier la capitale, nichée à plus de 1500 kilomètres. Le président congolais s’est adressé à la nation le 29 janvier, un discours martial, guerrier dans lequel il a appelé à une mobilisation militaire massive pour contrer la rébellion…
Tshisekedi s’est engagé à briser l’insurrection, mais lui aussi n’a pas dit comment et avec quels moyens militaires il réussirait à faire ce qu’il n’a pas fait depuis 2019. Le moins qu’on puisse dire est que ses menaces n’ont aucun effet sur les rebelles du M23. Ils disent officiellement qu’ils sont disposés à dialoguer avec le gouvernement, mais dans le même temps ils renforcent leur emprise sur Goma, s’installent, jusque dans les villes voisines. Leur ascendant est tel que des militaires désertent et rejoignent leurs rangs, avec armes et bagages. Le pouvoir a décrété la peine de mort pour les soldats qui trahissent la nation, qu’il les attrape d’abord.
Les partisans du chef de l’Etat dénoncent l’inaction de la communauté internationale et ont déversé leur colère sur les ambassades étrangères (Rwanda, France, Belgique, USA, Kenya). Pendant ce temps à l’ONU on se réunit, on gesticule, on vocifère, on condamne. Le Royaume-Uni a menacé de couper son aide au principal soutien de la rébellion, le Rwanda, mais ça n’a pas fait trembler le président Paul Kagame, que Tshisekedi a refusé de rencontrer pour parler paix.
La France fait ce qu’elle peut, c’est-à-dire pas grand-chose ; le président Emmanuel Macron a dépêché à Kinshasa et à Kigali, le chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, pour tenter d’arracher une trêve. Paris a demandé aux 4000 soldats rwandais opérant en RDC – selon les experts de l’ONU – de quitter le pays et aux rebelles de libérer les territoires conquis, Kigali et le M23 n’en prennent pas le chemin.
Les nouveaux maîtres de Goma ont invité les habitants à continuer tranquillement leurs activités, comme si de rien n’était. Le M23 fait partie de la myriade de groupes armés – plus de 100 – qui convoitent l’est du Congo, une zone riche en minéraux, avec de gros gisements évalués à 24 000 milliards de dollars américains, des minerais essentiels pour les technologies de demain.
Les pays voisins ont demandé au gouvernement congolais de suivre la voie de la raison en dialoguant avec les rebelles. Le président rwandais, un redoutable chef de guerre, fait monter la fièvre en menaçant de «faire face» aux troupes envoyées par l’Afrique du Sud pour soutenir la RDC. On signale que des soldats de la paix sud-africains sont même tombés au combat
Nangaa a balayé les accusations selon lesquelles les rebelles sont obsédés par les ressources minérales à l’est, il a qualifié ces propos de «propagande de Kinshasa». «Notre lutte est de restaurer cet État, de donner à manger aux gens», soutient-il. Le but des insurgés est «de lancer le développement, de faire vivre les gens en paix ensemble, mais aussi de créer des opportunités pour la région et pour le monde entier», a-t-il ajouté.
Clairement les objectifs sont économiques mais aussi politiques, c’est ce qui fait la dangerosité de ce mouvement. Le Rwanda, qui n’a pas les mêmes ressources que son riche voisin, est très tenté de faire basculer la situation en sa faveur pour en récolter les fruits. Et on sait que la détermination de Kagame n’a pas de limites quand il s’agit des intérêts supérieurs des Rwandais.
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