Les habitants aux abords de la prison centrale de Makala, dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa, se sont demandés ce qu’il y avait derrière les tirs qui ont fendu la nuit du 1er au 2 septembre 2024. Les premières informations font état d’une tentative d’évasion, qui a viré au bain de sang : Au moins 129 décès dont 24 par balles et 59 blessés, disent plusieurs sources ce mardi 3 septembre.
On ne sait rien des initiateurs de cette évasion de masse et leurs visées, sachant que toutes les forces de sécurité seraient à leurs trousses une fois dehors. Les autorités clament que les forces armées sont rapidement venues à bout des agitateurs, mais à quel prix ? C’est la question qui travaille les citoyens congolais. Les investigations feront toute la lumière sur ce carnage… ou pas, on verra bien.
Ce qu’on sait c’est que les pouvoirs publics n’ont avancé aucun bilan officiel, ils se sont bornés à promettre de plus amples informations dans la journée. Ce qu’on sait également c’est que les coups de feu ont retenti dans les murs de la prison de Makala. Les tirs isolés ont fait place à une rafale ininterrompue, donc forcément meurtrière.
Sur les réseaux sociaux des vidéos amateurs ont été mises en ligne, elles montrent des prisonniers avec des lampes torches, essayant de se mouvoir dans l’obscurité. «Faisons tomber d’abord le mur. Il faut tout casser !», disent des détenus dans l’une des vidéos. La cohue a pris le dessus, on entend des individus qui tentent de forcer les serrures, qui exultent devant la perspective de l’évasion, sur fond de tirs alors qu’il pleuvait.
Certains prisonniers ont pu s’extraire de leurs cellules mais n’ont pas réussi à aller au-delà. Puis c’est la tragédie. Des corps ensanglantés envahissent le sol humide. «Prends la vidéo, laisse le visage visible pour que la famille voie», glisse un détenu qui se penche sur un camarade abattu.
Les habitants ont découvert à leur réveil une épaisse fumée noire s’échappant de la prison. Les choses sont rentrées dans l’ordre mais il y a eu de gros dégâts. Les autorités dévoilent les prochaines étapes. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, évoque un acte prémédité. «Des enquêtes seront menées pour identifier et sanctionner sévèrement les commanditaires. Une réponse implacable leur sera réservée», a dit le ministre.
Un défenseur des droits de l’Homme, Jean-Claude Katende, président de l’ASADHO, évoque un «carnage» et exige une enquête indépendante, puisqu’on ne peut pas, selon lui, se fier aux argumentaires des politiciens. L’ONG Les Amis de Nelson Mandela pour la défense des droits humains formule la même requête, il dénonce la violence sous toutes ses formes et les exécutions sommaires, même dans les prisons.
Idem pour La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme (VSV), qui signifie aux autorités congolaises que rien ne peut justifier qu’on bafoue les droits humains, notamment le droit à la vie.
A noter qu’hier lundi 2 septembre Samuel Mbemba, vice-ministre congolais de la Justice affirme, avait déclaré ceci : «Nous voulons dire que le premier responsable de ceci, ce sont les magistrats qui envoient en prison même de simples suspects. En droit pénal congolais, liberté est le principe. La détention est une exception, ce qui veut dire que la prison est, en principe, faite pour les condamnés».
«Le ministère de la Justice va prendre une circulaire interdisant l’envoi en prison de simples suspects et même quand ils sont sous mandat d’arrêt provisoire. Nous resterons dans les principes. Nous faisons donc des efforts de désengorgement, mais chaque jour, il y a des contingents de véhicules de prisonniers qui arrivent, ce qui, finalement, anéantit les efforts que le gouvernement fait pour qu’il y ait de la place à la prison», a-t-il asséné.
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