Economie

Record – Le gouvernement contracte 1 milliard de dinars auprès des banques en une seule journée

Record – Le gouvernement contracte 1 milliard de dinars auprès des banques en une seule journée

Selon les données du bulletin quotidien de « Tunisie Clearing » – dépositaire central des titres – le Trésor Public annonce que suite à l’adjudication des bons de trésor à court terme (BTC) du 29/03/2022 un montant en nominal de 1000 millions de dinars (MD) a été mobilisé et sera remboursable sur une année avec un taux d’intérêt de 6,44%.

L’opération d’endettement record s’est faite en une seule journée auprès des banques tunisiennes à l’instar de plusieurs autres opérations précédentes qui sont devenues récurrentes notamment ces dernières années. Malgré l’importance de l’opération, le ministère des finances n’a fait aucune communication, à ce titre, sachant que les dernières informations concernant l’endettement du pays et publiées par le ministère concernent le mois de novembre 2021.

L’encours des bons de Trésor à court terme s’élève le 28 courant à 3873,1 MD tandis que l’encours des bons de Trésor dits assimilables (à long terme) est estimé le jour même à 16871,8 MD. L’encours des dettes, sous forme de bons d’Etat auprès des banques, est au total de 20744,9 MD.

La dette intérieure globale est estimée d’après les dernières données officielles actualisées à 40972,1 MD représentant, à cet effet, 39,9% de l’endettement total du pays. Il s’agit de chiffres qui illustrent l’ampleur de la contre-productivité de l’économie réelle en Tunisie, d’une part et de la poursuite de l’obtention de dettes dont l’emploi est injustifié ce qui les classent comme dettes odieuses, d’autre part.

Le président de la République, Kais Sied a annoncé à plusieurs occasions qu’une commission sera mandatée pour auditer les dons et la dette odieuse de la Tunisie. Cette commission tarde encore à être mise en place en dépit des déclarations du président faites, à cet effet, il y’a plusieurs mois.

En outre et particulièrement depuis 2017, les gouvernements successifs ont eu recours à l’emprunt direct de crédits auprès des banques pour mobiliser des ressources financières. Depuis 2017, l’Etat a emprunté à neuf reprises des crédits auprès des établissements financiers vu que l’article 25 du règlement intérieur de la Banque centrale de Tunisie interdit d’emprunter des crédits auprès de la BCT.

L’institut d’émission n’a cessé depuis de mettre en garde contre les risques de la politique des gouvernements de recourir sans limites à l’endettement intérieur considèrent que ceci n’est pas dans l’intérêt de l’économie nationale surtout que ces financements ne sont pas orientés vers des secteurs économiques. Le recours excessif à l’endettement intérieur auprès des banques et établissements financiers ravive, au fait, la spirale de la récession et de l’inertie du financement et de l’investissement.

Il semble que le gouvernement Bouden n’accorde, à son tour, aucune importance aux mises en gardes de la BCT et ce, à l’instar des gouvernements qui l’ont précédé.

Le FMI a indiqué dans une note d’analyse récente qu’il a publiée sous le titre « La restructuration de la dette souveraine intérieure : un outil à manier avec précaution » que face aux vulnérabilités grandissantes en matière d’endettement et au poids croissant de la dette souveraine intérieure dans les pays émergents et les pays en développement, jamais les questions relatives au moment opportun d’une restructuration de cette dette et à ses modalités ne se sont posées avec autant d’acuité.

Le fonds considère que la dette intérieure est souvent majoritairement détenue par des créanciers intérieurs qui subiront des pertes. Par ce canal, le surendettement souverain peut aisément se propager aux banques intérieures, aux ménages et à d’autres segments de l’économie intérieure. Ce phénomène peut accroître le malaise économique qui nécessitera la restructuration de la dette intérieure.

Rappelons, par ailleurs, que selon une analyse de l’agence de rating, Standard & Poor’s (S&P), en mai 2021, le coût du défaut de la dette souveraine tunisienne s’élève à 7,9 milliards de dollars (soit 21,4 milliards de dinars) pour le secteur bancaire (principal préteur intérieur de l’Etat), ce qui représente 102% du total des fonds propres de tout le système bancaire, et 17,3% du PIB pour 2021.

Selon S&P, l’exposition des banques tunisiennes à la dette souveraine a plus que doublé pendant la dernière décennie, couplée à une forte hausse de la dette publique.

L’agence de notation a précisé qu’un défaut souverain en 2022 demeure très improbable, et si c’est le cas, il coûterait aux banques entre 4,3 et 7,9 milliards de dollars ou 55% à 102% de leurs fonds propres.

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