Sante

Recrutement médical : la Tunisie forme, la Suisse embauche. comment équilibrer ces enjeux ?

Recrutement médical : la Tunisie forme, la Suisse embauche. comment équilibrer ces enjeux ?

Alors que la Suisse continue de dépendre largement des professionnels de santé formés à l’étranger, le débat sur les économies réalisées par la Confédération au détriment des pays formateurs, comme la Tunisie, refait surface.

Cette situation met en lumière la nécessité de trouver un équilibre entre le recrutement massif et le soutien aux systèmes éducatifs des pays d’origine.

La dépendance suisse aux diplômes étrangers

Chaque année, la Suisse reconnaît des milliers de diplômes étrangers dans le domaine médical. En 2022, 3364 diplômes de médecins étrangers ont été validés, contre seulement 1200 professionnels formés localement. Avec des besoins croissants, cette dépendance pousse la Confédération à recruter au-delà des frontières européennes, notamment en Afrique du Nord et en Tunisie, reconnue pour la qualité de ses professionnels de santé.

La Tunisie, par exemple, figure parmi les principaux pourvoyeurs de médecins et de personnel paramédical à destination de l’Europe. Le secteur médical tunisien est réputé pour ses compétences et sa capacité d’intégration rapide, mais cette dynamique n’est pas sans conséquence pour le pays.

La fuite des cerveaux : un défi majeur pour la Tunisie

Le départ massif des médecins tunisiens vers la Suisse et d’autres pays exacerbe une pénurie déjà critique dans les hôpitaux tunisiens. Le système de santé tunisien souffre d’un manque de personnel, notamment dans les régions intérieures, où l’accès aux soins est particulièrement difficile.

Les chiffres sont parlants : en 2023, plus de 40% des jeunes diplômés en médecine ont quitté la Tunisie pour travailler à l’étranger, attirés par des conditions de travail et des salaires bien supérieurs à ceux proposés localement.

Cette situation met le système de santé tunisien sous pression, créant des lacunes qui affectent directement la qualité des soins.

Une proposition de compensation pour équilibrer les enjeux

Face à ce déséquilibre, une solution commence à émerger : la Suisse pourrait compenser les pays formateurs comme la Tunisie en finançant une partie de la formation des professionnels de santé qu’elle recrute. Une telle mesure serait non seulement éthique, mais permettrait également de garantir la pérennité des systèmes éducatifs des pays touchés par la fuite des cerveaux.

Cette approche a déjà été discutée dans le cadre des paiements de cohésion que la Suisse verse à l’Union européenne, estimés à 350 millions de francs (environ 371.8 millions euros) par an.

Selon certains experts, ces contributions pourraient être partiellement réorientées vers des partenariats éducatifs et médicaux avec des pays comme la Tunisie.

Un impact mondial

Le débat en Suisse sur la dépendance aux professionnels étrangers révèle une problématique globale : les pays riches économisent des milliards en coûts de formation grâce à l’immigration, mais au détriment des pays les plus pauvres, qui peinent à maintenir leurs systèmes de santé.

La Tunisie, en tant que vivier de talents médicaux, pourrait devenir un exemple de collaboration réussie si un accord de compensation était mis en place. Ce modèle pourrait inclure :

  • Un financement direct des universités tunisiennes formant des médecins et infirmiers.
  • Un renforcement des conditions de travail locales pour retenir davantage de professionnels sur place.
  • Un partenariat bilatéral pour développer des infrastructures médicales en Tunisie.

Vers une solution équitable

La migration des compétences est une réalité inévitable dans un monde globalisé, mais elle ne doit pas se faire au détriment des pays formateurs. En compensant la Tunisie pour les professionnels qu’elle forme, la Suisse pourrait non seulement combler ses besoins en santé, mais aussi contribuer à un équilibre plus juste entre les nations.

Une telle démarche garantirait que les systèmes de santé tunisiens et suisses prospèrent ensemble, tout en respectant les efforts et investissements des pays d’origine dans la formation de leurs talents.

Le ministère des Affaires étrangères tunisien devrait se saisir de ce dossier stratégique et entamer des discussions officielles avec la Suisse et d’autres pays européens. Ces échanges pourraient permettre d’instaurer des accords bilatéraux visant à compenser la formation des cadres médicaux tunisiens recrutés à l’étranger.

Une telle initiative renforcerait non seulement la coopération entre les deux pays, mais contribuerait également à préserver le système de santé tunisien tout en répondant aux besoins croissants de la Suisse en personnel médical qualifié.

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