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Réduction des salaires : Pourquoi Taboubi n’a parlé que le 22 décembre alors qu’il savait depuis le 11?

Réduction des salaires : Pourquoi Taboubi n’a parlé que le 22 décembre alors qu’il savait depuis le 11?

Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, sait depuis depuis le 11 décembre 2021 tout ce qui se trame pour le lourd dossier de la fonction publique. Et pourtant il n’en a reparlé qu’hier mercredi 22 décembre après son compte-rendu du 14 décembre 2021 à Sfax. Taboubi a remis par la même occasion son costume de guerre. Cela a dû faire plaisir à ses troupes et a refroidi pour un moment les ardeurs de Lassaad Yacoubi, qui mord les mollets de son aîné en rêvant de s’asseoir sur son fauteuil. Mais notre propos ici est de tenter de percer le mystère derrière le silence de Taboubi avant sa sortie musclée d’hier…

Officiellement, le secrétaire général de la centrale syndicale, qui avait l’intégralité des propositions de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, pour le FMI avait demandé du temps pour permettre à ses experts de passer à la loupe le document. Donc Taboubi et ses collaborateurs étaient censés entrer en conclave pour scruter le plan de Bouden avant de donner une réponse officielle. Cette dernière n’est toujours pas arrivée à destination – le palais de la Kasbah -, à la place on a eu cette déclaration radiophonique de Taboubi…

Ce dernier avait certainement tiqué quand Bouden lui avait dit en face le 11 décembre 2021 le destin qu’il réserve aux salaires de la fonction publique (en fait c’est une des exigences formelles du FMI), c’est-à-dire leur gel durant au moins 3 ans. Sur le coup Taboubi a encaissé et n’a rien dit, réitérant la main tendue de l’UGTT pour accompagner la dynamique de sauvetage de la Tunisie. Même un dur à cuire comme lui en a marre d’être qualifié d’empêcheur de tourner en rond, d’anti-réformiste, de fossoyeur des caisses publiques… Donc il a fait profil bas devant Bouden, le gouverneur de la BCT, les ministres des Finances et de l’Economie…

Puis patatras hier : le chef de file de l’UGTT met en garde contre la réduction des salaires – alors que Bouden a parlé de gel – et menace de ses foudres l’exécutif tunisien. Taboubi, en vieux briscard, a certainement flairé le coup de l’intervention du chef de l’Etat, Kais Saied, pour imposer une couleur plus sociale dans la politique économique du pays. Il ne voulait pas laisser au président de la République toute la gloire du sauveur des “pauvres“…

 Taboubi savait que Saied n’allait pas laisser en l’état le plan de Bouden et qu’après les ballons d’essai pour sonder l’humeur grognonne des citoyens, des inflexions et corrections allaient être apportées. Il a donc devancé le chef de l’Etat en s’affichant en défenseur du pouvoir d’achat des travailleurs. De cette pierre il a fait un deuxième coup : Préserver l’imposante branche sur laquelle il est assis, à la tête d’un véritable Etat dans l’Etat, avec ces privilèges et prérogatives qu’aucun autre leader syndicaliste n’a dans le monde. Yacoubi n’est pas loin, ce n’est pas le moment de tanguer…

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