Economie

Revaloriser le capital humain pour la compétitivité économique de la Tunisie

Revaloriser le capital humain pour la compétitivité économique de la Tunisie

La Tunisie s’est longtemps appuyée sur son capital humain comme l’un de ses principaux avantages compétitifs, face à ses ressources naturelles limitées.

Les investissements continus dans l’éducation et la formation ont permis à de nombreuses générations d’atteindre des niveaux de qualification élevés. Cependant, les analyses récentes révèlent de l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Études Quantitatives (ITCEQ) une détérioration préoccupante de cet atout stratégique, notamment en termes d’inadéquation des compétences, de rigidité du marché du travail et de fuite des talents.

L’inadéquation des compétences entrave la productivité

Malgré des taux de scolarisation élevés, atteignant près de 100% au niveau primaire et 82% au niveau secondaire, le système éducatif tunisien ne parvient plus à répondre aux besoins du marché du travail. La part des diplômés dans les domaines des sciences et de l’ingénierie, autrefois un point fort du pays, a diminué. La Tunisie est passée du 2e au 5e rang mondial pour cet indicateur entre 2021 et 2023, avec une baisse de la proportion de ces diplômés de 43,3% à 37,9%.

Cette baisse impacte directement la capacité des entreprises à recruter une main-d’œuvre qualifiée, en particulier dans les secteurs à haute technologie et industriels. Les enquêtes de (ITCEQ) soulignent une inadéquation croissante entre les qualifications des diplômés et les compétences recherchées par les employeurs.

Ce déficit de compétences se traduit par des lacunes techniques, mais aussi par une faible employabilité des diplômés de la formation professionnelle. Les entreprises font face à des difficultés accrues pour combler leurs besoins, notamment en ouvriers qualifiés et techniciens spécialisés.

La rigidité du marché du travail entrave la compétitivité

Le marché du travail tunisien est caractérisé par une réglementation perçue comme rigide, tant au niveau du recrutement que du licenciement. Les conventions collectives et le code du travail sont souvent cités comme des obstacles majeurs à la flexibilité nécessaire pour répondre aux dynamiques économiques actuelles. Cette rigidité impacte directement la compétitivité des entreprises, limitant leur capacité à ajuster leurs effectifs en fonction de l’évolution de la demande.

Le score de la Tunisie dans l’indice de liberté du travail, publié par la Heritage Foundation, a chuté ces dernières années, illustrant cette rigidité. Bien que des efforts aient été faits pour améliorer la flexibilité du marché du travail, ils restent insuffisants. L’enquête de l’ITCEQ souligne que la réglementation du travail est perçue comme l’un des principaux freins à l’emploi, en particulier dans les secteurs industriels et technologiques qui nécessitent une main-d’œuvre flexible et hautement qualifiée.

La fuite des talents menace la compétitivité

La fuite des talents est l’un des problèmes les plus graves auxquels la Tunisie est confrontée. Le pays voit chaque année de nombreux diplômés, notamment dans les secteurs de l’ingénierie, des sciences et des technologies, quitter le pays pour chercher de meilleures opportunités à l’étranger. L’attrait de salaires plus élevés, de meilleures conditions de vie, et des perspectives de carrière plus prometteuses pousse les jeunes diplômés à s’expatrier, accentuant un déficit de compétences déjà préoccupant au niveau national.

Le rapport de l’ITCEQ souligne que 93% des chefs d’entreprise considèrent la fuite des talents comme une menace directe pour l’économie tunisienne. Ils estiment que cette émigration entraîne une perte de compétences essentielles, réduisant la compétitivité des entreprises locales et limitant la capacité du pays à innover.

Réinventer la stratégie pour un talent compétitif

Des mesures doivent être prises pour retenir les talents nationaux et attirer des compétences étrangères. Cela implique non seulement d’améliorer les salaires et les conditions de travail, mais aussi de renforcer l’attractivité du pays en termes de qualité de vie et de perspectives d’avenir.

Si la Tunisie parvient à résoudre ces problèmes, elle pourra à nouveau capitaliser sur son principal atout : son capital humain, moteur clé de sa compétitivité et de son développement économique.

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