Economie

RFR : Qui sabote, bloque et prolonge les terribles souffrances des Tunisois ?

RFR : Qui sabote, bloque et prolonge les terribles souffrances des Tunisois ?

Le Réseau ferroviaire rapide (RFR) est sans doute l’un des fiascos les plus marquants de l’après-Révolution. La société en charge de ce méga projet est en place depuis l’ère Ben Ali, en 2007. L’achèvement de ce gros chantier était censé symboliser le renouveau du pays après le 14 janvier 2011 et soulager des Tunisois qui payent un lourd tribut à la piètre qualité des transports publics. 15 ans après le projet végète encore et se débat dans des difficultés et une léthargie que personne n’a été capable de nous expliquer.

Les partenaires étrangers ont fait leur boulot…

Ce qu’on sait c’est que les partenaires de la Tunisie ont exécuté leur part du contrat en décaissant à temps les financements qu’il fallait, qui se chiffrent à des centaines de millions de dinars. La BEI (Banque européenne d’investissement), pour ne citer qu’elle, a déboursé à elle seule près de 83 millions d’euros. A l’arrivée qu’est-ce qu’on a ? Des rames de métro flambant neufs qui pourrissent littéralement dans les dépôts de Sidi Fathallah.

Qui met des bâtons dans les roues ? Qui fait en sorte que les souffrances des usagers des transports publics se prolongent indéfiniment ? Et pourquoi les autorités tunisiennes, dont c’est l’affaire, regardent ailleurs et deviennent de fait des complices de ce scandale national ? Autant de questions lancinantes pour lesquelles les citoyens aimeraient avoir des réponses…

Ce ne sera pas chose aisée car le projet a une tare congénitale, avec deux capitaines pour un seul bateau : la société du RFR et la SNCFT. Le dernier communiqué à peu près détaillé sur les facteurs de blocage remonte au 14 décembre 2022. Depuis les citoyens n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ce n’est pas normal pour un projet de cette dimension !

Rien de bien méchant, il manque juste de la bonne volonté

Bon, pour autant tout cela n’est pas insurmontable, pour peu que la bonne volonté et surtout l’envie de rendre un bon service au public y soient. Mais voilà, ce qui est une évidence dans les pays développés relève du luxe en Tunisie, et ça dure depuis la dite Révolution…

Nous ce qu’on sait, le plus officiellement du monde, c’est qu’à part quelques vérifications techniques et quelques pépins mineurs il n’y a rien qui empêche la première ligne de fonctionner. Par ailleurs on sait qu’il y a un litige foncier en rapport avec la déviation des réseaux (STEG, Sonede, Tunisie Télécom, ONAS, etc.), mais cela fait un paquet d’années, une bonne dizaine ! Où sont les autorités ? Pourquoi elles laissent faire ?

On sait aussi qu’il y a une histoire de résiliation de contrat avec une société, pour manquement à ses obligations ; mais là également cela remonte à 2017 et depuis 2019 un autre contrat avec un autre prestataire de services a été paraphé. Pourquoi rien n’a bougé depuis 4 ans ?

La mairie du Bardo devra cesser ses agissements

Mais le plus gros scandale est sans doute les freins que poserait la municipalité du Bardo depuis 2019, dans l’indifférence générale. Les responsables de la ville semblent interdire au RFR de passer dans le coin. Il semblerait qu’ils se sont même autorisés à saisir le matériel du chantier pour s’assurer que le projet n’avancera pas d’un iota. C’est ça l’idée qu’ils se font de la démocratie : Piétiner les droits de centaines de milliers d’usagers des transports publics, alors que la démocratie est justement censée être la primauté aux voeux de la majorité.

Le seul argument qu’ils ont avancé pour s’opposer au RFR : il va scinder la ville en deux. Nous vu d’ici, en tant qu’observateurs et citoyens, on ne veut pas savoir qui fait quoi et qui a intérêt à tout bloquer, ce qu’on veut c’est que ce projet qui a grillé tant de millions soit enfin fonctionnel. Et c’est tout à fait possible…

Il est temps que Saied s’intéresse aux mic-macs des uns et des autres

Il est grand temps que le chef de l’Etat, Kais Saied, s’intéresse à ces empêcheurs de tourner en rond qui pourrissent la vie des Tunisois et donnent une très mauvaise image du pays. Comment voulez-vous convaincre des partenaires et des investisseurs de miser sur la Tunisie alors qu’il s’y passe tout ça sans que les autorités ne lèvent le petit doigt ? Il est grand temps que ces crimes contre les intérêts des citoyens cessent.

Issam Eddine Fitati, un ancien employé de la SNCFT, a demandé dernièrement au ministre du Transport de geler le RFR pour  «non conformité» aux normes de sureté et de sécurité ferroviaires. Plus grave encore : «De graves soupçons de corruption planent aujourd’hui sur ce projet. J’appelle les présidences de la République et du gouvernement ainsi que l’autorité de tutelle à ouvrir une enquête sur ce dossier», a rapporté la TAP.

Cela confirme ce qu’on vient de dire : c’est suffisamment sérieux pour que le chef de l’Etat y jette un oeil appuyé. Le transport des Tunisois, qui est par ailleurs une des variables phares de l’économie, a sa place parmi les grands dossiers prioritaires. La gestation du RFR n’a que trop duré et les tourments des habitants du Grand Tunis avec, des tourments pour lesquels ils payent en remboursant les prêts que l’Etat a contractés en leur nom alors que leur quotidien est toujours aussi sinistre.

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