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Royaume-Uni : Un journaliste vedette éjecté pour ses critiques sur la loi anti-migrants, le gouvernement le paye cher

Royaume-Uni : Un journaliste vedette éjecté pour ses critiques sur la loi anti-migrants, le gouvernement le paye cher

Même dans les nations les plus avancées et les plus en vue pour les idéaux politiques on n’est jamais à l’abri d’un recul démocratique. Cette affaire reste un combat de tous les jours, sans relâche, une bataille sans fin. Gary Lineker, ancien footballeur vedette et célèbre présentateur de l’émission Match of The Day sur BBC, a été mis au placard pour avoir critiqué le projet de loi anti-migrants inhumain concocté par le gouvernement. L’éviction de Lineker a provoqué un tollé et revient sur les autorités comme un boomerang…

On n’enterre pas un homme qui affiche 8,8 millions d’abonnés

Le soufflet ne retombe pas depuis que le présentateur star de la BBC – c’est le mieux payé – a été mis au frigo pour ses propos qui auraient transgressé la charte de bonne conduite imposant aux journalistes une neutralité absolue sur les affaires du gouvernement. Mais voilà, on ne réduit pas facilement au silence un homme qui pèse 8,8 millions d’abonnés sur Twitter. Depuis le 10 mars c’est un déluge de critiques qui s’abattent sur le célèbre groupe audiovisuel et sur les autorités.

«Une politique cruelle à destination des plus vulnérables, dans un langage qui n’est pas sans rappeler celui qui a été utilisé par l’Allemagne» nazie. C’est le commentaire fait par Lineker sur le nouveau projet de loi anti-migrants, un projet qui a choqué dans le pays et ailleurs. Même la ministre de l’Intérieur Suella Braverman reconnait qu’elle a “repoussé les limites du droit international”. Mais que les critiques viennent d’un journaliste qui fédère des millions de citoyens çà ça passe pas.

Personnalités politiques, journalistes, sportifs, artistes, etc., ses soutiens sont nombreux et ils se font entendre. «Black-out à BBC Sport», c’est ce qu’a titré hier dimanche 12 mars le Sunday Express et presque tous les journaux du pays ont consacré leur Une à cette affaire. Pire : quasiment tous les journalistes sportifs et consultants ont cessé de travailler en soutien à leur collègue…

Les conservateurs avaient déjà perdu, ça se confirme

Par ailleurs une douzaine de clubs de Premier League ont fait savoir qu’ils boycottent la BBC durant les conférences de presse. Résultats des courses : De nombreuses émissions de football ont été supprimées à la dernière minute, obligeant le groupe à présenter ses plates excuses au public. Et l’affaire vire maintenant à l’empoignade politique.

Les conservateurs, qui sont au gouvernement, insistent pour des excuses publiques de la part du journaliste ; alors qu’en face l’opposition travailliste insiste pour que le présentateur revienne à l’antenne. Le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt s’en est mêlé hier dimanche 12 mars en arguant qu’il est essentiel que «la BBC conserve sa réputation d’indépendance et d’impartialité (…). Lorsque vous m’interviewez, les gens doivent savoir que vous le faites au nom du public, et non pour des raisons politiques», a-t-il ajouté

Mais il n’est pas certain que les conservateurs soient en mesure de dicter ce qu’il convient de faire ou pas, eux qui tout raté ces dernières années et sont donnés perdants aux prochaines élections dans tous les sondages. Les travaillistes ont commencé à torpiller la BBC, accusée d’avoir écarté Gary Lineker pour faire plaisir au pouvoir en place. Le dossier de Richard Sharp, propulsé à la tête de la BBC en 2021 par le gouvernement, a été déterré…

Boris Johnson, encore lui…

Il est de notoriété publique que Sharp finance le Parti conservateur, le bruit court qu’il doit sa nomination à une intermédiation pour que l’ancien Premier ministre Boris Johnson, qui n’est pas à un scandale près, accède à un prêt de 800 000 livres (900 000 euros). «Je pense que le président de la BBC, Richard Sharp, devrait démissionner», a asséné Ed Davey, le chef de file des Lib-Dem. «Le gouvernement conservateur sape la BBC depuis plusieurs années, notamment par ses nominations».

Le directeur-général du groupe, Tim Davie, est également pris dans la tempête, mais refuse «absolument» de quitter le navire. Il a déclaré  qu’il veut «régler la situation dans le calme» et que «Gary revienne à l’antenne». Certains avancent que le présentateur star pourrait revenir dès ce week-end. Mais de toute évidence, quoi que fasse la direction du groupe, elle a déjà perdu la bataille de l’opinion publique. Quant au gouvernement, dont la cote de popularité était déjà au plus bas, il payera la facture au prochain scrutin.

 

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