La maîtrise des frontières et un remède à l’immigration illégale font partie des promesses non tenues – elles ne sont pas les seules, il y a surtout les mirages économiques – du Brexit, des promesses qu’avaient vendues l’ancien Premier ministre Boris Johnson et Nigel Farage. Tous les deux ont disparu de la scène politique mais pas les dégâts qu’ils ont faits. Ce sont ces mêmes déflagrations qui avaient balayé la très éphémère Première ministre Liz Truss – elle a tenu à peine 45 jours. Son successeur, Rishi Sunak, fera feu de tout bois pour survivre, quitte à déballer un projet de loi anti-migrants qui fait bondir jusqu’au Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.
Aux grands maux les grands moyens
La prison et l’expulsion définitive, c’est ce qui attend les migrants illégaux qui assaillent les cotes britanniques. Le projet de loi a été présenté hier mardi 7 mars par le gouvernement britannique. La ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, reste droite dans ses bottes face au tollé : «Nous avons repoussé les limites du droit international», rapporte Daily Telegraph…
«Nous le devons au peuple britannique. Je suis ferme dans nos objectifs et clair sur la tâche qui nous attend. Ce projet de loi est la clé de nos projets», a-t-elle martelé.
Et pour ceux qui espèrent plus d’inflexion chez le Premier ministre et bien c’est raté : «Cette nouvelle loi va envoyer un message clair : si vous venez dans ce pays illégalement, vous serez rapidement expulsé», a déclaré Sunak dans le journal The Sun. «Ceux qui viennent ici en petit bateau (en traversant illégalement la Manche, ndlr) ne peuvent pas demander l’asile ici», a-t-il ajouté…
Et c’est certainement ce qu’il soutiendra mordicus ce 10 mars lors de son voyage à Paris, face au président français Emmanuel Macron, la France à qui les Britanniques reprochent leur mollesse dans la lutte contre ce fléau.
Christina Marriott, directrice à la Croix Rouge britannique, s’insurge contre cette politique sans précédent. «Si vous fuyez des persécutions ou la guerre, si vous fuyez l’Afghanistan ou la Syrie et que vous craignez pour votre vie, comment pourrez-vous demander l’asile au Royaume-Uni ?», s’interroge-t-elle. «Si des personnes doivent être expulsées, où le gouvernement a-t-il l’intention de les envoyer ?», se demande l’association Care4Calais.
Pas question de porter le fardeau laissé par Johnson
Mais ces problématiques Suella Braverman et Rishi Sunak n’en ont cure, pour eux l’essentiel est ailleurs : Ne plus porter sur leur dos le lourd passif de Boris Johnson. Car à ce rythme leur formation, le Pari conservateur, subira une cuisante défaite aux prochaines élections, disent tous les sondages. Alors ils ont décidé de frapper de manière spectaculaire, avec un dossier qui agite l’opinion publique à chaque fois qu’on le dégaine.
Les Conservateurs avaient promis de régler définitivement le problème dès que le Royaume-Uni sortirait de l’Union européenne. Les Britanniques sont partis en janvier 2020 mais les problèmes sont restés. Rien qu’en 2022 plus de 45 000 personnes ont traversé la Manche pour s’installer illégalement au Royaume-Uni. Pourtant Johnson avait scellé un pacte financier avec le Rwanda pour y transférer automatiquement tous les demandeurs d’asile, mais la Cour européenne a mis son veto…
L’opposition travailliste en est convaincue : le projet de loi est juste une manoeuvre dilatoire avant les élections locales de mai, avec des Conservateurs plus impopulaires que jamais après leur long règne de 13 ans. «Je ne pense pas que présenter des propositions irréalisables nous mènera très loin», a dit lundi dernier le chef du Labour Keir Starmer.
L’ironie du sort c’est que ce texte très polémique est défendu par deux enfants d’immigrés, d’origine indienne, qui ont gravi tous les échelons de la très sélecte société britannique. Le Premier ministre, un ex-banquier d’affaires, est marié à l’une des femmes les plus riches du pays, plus riche que la reine d’Angleterre, une fortune qu’elle tient de son papa, lui-même parmi les fortunés en Inde…
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