La France a donné le la, ou a ouvert la boite de Pandore, diraient certains. Dès l’officialisation du revirement spectaculaire du président Emmanuel Macron sur l’épineux dossier du Sahara occidental les annonces sont tombées. Je parle du flux d’investissements en direction de ce territoire très disputé par Rabat et les indépendantistes du Front Polisario, avec l’Algérie derrière en embuscade. La visite d’Etat de Macron au Maroc a accentué le virage et le 29 octobre dernier le chef de la diplomatie française a enfoncé le clou en annonçant à Rabat la toute première visite de l’ambassadeur de Paris dans les Provinces du Sud. Depuis les choses s’emballent.
L’énorme potentiel de la région en énergies renouvelables est ce qui intéresse le plus Paris et le président français l’a clairement dit chez le roi Mohammed VI. L’énergie verte est aussi ce qui intéresse les autres Européens pour décarboner leurs économies. Les Provinces du Sud sont devenues le terrain de jeu des investisseurs nationaux et internationaux, à coups de milliards de dollars.
Le magazine Finances News Hebdo braque les projecteurs sur les projets innovants en gestation dans cette aire désertique. On peut évoquer le parc éolien de Tarfaya, qui sera à terme l’un des plus volumineux en Afrique. «D’autres sites solaires de grande envergure, à l’image de ceux prévus à Laâyoune et Boujdour, renforcent la capacité de production énergétique verte de la région», dit la même source…
Coup double pour cette installation : satisfaire la demande énergétique nationale et réaliser les ambitions des Européens en matière de décarbonisation grâce à l’importation d’énergies propres.
«Cette ambition a été confortée lors de la récente visite d’Etat du président français Emmanuel Macron qui, par le biais de l’Agence française de développement (AFD), a pris la décision d’investir au Sahara. Ceci s’est traduit par la signature de six déclarations d’intention avec le gouvernement marocain, représentant un montant de plus de 900 millions d’euros sur les cinq prochaines années, dans une logique de coinvestissement», rappelle le magazine.
Et puis il y a les autres multinationales étrangères, qui ont des vues sur l’hydrogène et l’ammoniac verts pour une transition rapide et irréversible vers le développement durable. Le méga programme Chbika, piloté par le géant français TotalEnergies à Guelmim-Oued Noun, illustre cette dynamique…
«Ce projet vise à fournir 1 GW de capacités solaires et éoliennes terrestres qui alimenteront la production d’hydrogène vert par l’électrolyse de l’eau de mer dessalée. L’objectif est de produire 200.000 tonnes d’ammoniac vert par an dans une première phase, principalement pour l’exportation vers l’Europe», a-t-on appris. Son financement, qui devrait monter à 11 milliards de dollars, fera du Royaume un acteur majeur dans la production de carburants verts.
L’Office chérifien des phosphates (OCP), qui est devenu un ténor mondial, montre aussi les muscles ; le marocain a jeté son dévolu sur Laâyoune. A l’horizon 2032 l’OCP projette de produire jusqu’à 3,2 millions de tonnes d’ammoniac vert par an, avec des équipements composés d’une usine d’électrolyseurs d’hydrogène, d’une station de dessalement et d’unités de production solaire et éolienne.
Il n’y a pas que l’énergétique à Dakhla, il y a aussi le dessalement de l’eau de mer pour régler les problèmes criants des populations et des agriculteurs. En plus du budget colossal de 14 milliards de dollars qui a été dégagé à cet effet Mohammed VI avait décroché en décembre 2023 aux Emirats arabes unis des financements très conséquents. Depuis deux ténors émiratis ont installé leurs quartiers dans le Sahara. Le français Veolia les rejoint. Il a décroché le marché de la construction de la deuxième plus grande station de dessalement d’eau de mer au monde…
Le chiffre avancé est hors normes : Une capacité de production de 300 millions de mètres cubes d’eau par an, pour solutionner les problèmes domestiques et agricoles, en misant uniquement sur l’énergie propre pour minorer l’impact environnement. Le Sahara occidental est en pleine mutation et les perspectives aiguisent beaucoup d’appétits.
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