Economie

Saied a-t-il fait exploser la Loi de finances en renversant la table du FMI?

Saied a-t-il fait exploser la Loi de finances en renversant la table du FMI?

La Loi de finances (LF) 2023 est-elle morte-née après la dernière saillie du chef de l’Etat, Kais Saied ? La question mérite d’être posée. De toute façon on ne pourra pas la planquer sous le tapis. Renverser la table, couper les ponts avec le FMI… Dans l’imaginaire collectif c’est un rêve absolu, un luxe que se payent les pays qui ont les moyens de leur politique. La Tunisie les a-t-il ? En l’état non, c’est une évidence.

Rappelons le cadre de la LF 2023, du moins les grandes lignes. L’Etat doit trouver 24 milliards de dinars cette année pour se financer, dont 16 milliards qu’il faut dénicher à l’étranger (des prêts). C’est là où le FMI entre en jeu. Pas seulement pour le paquet de 1,9 milliard de dollars derrière lequel la Tunisie court depuis un moment mais surtout pour tous les autres derrière…

Rappelons que tous les autres partenaires attendent le quitus de l’institution de Bretton Woods pour faire affaire avec Tunis. Même l’Arabie saoudite, à qui les autorités tunisiennes font les yeux doux en ce moment, attend la fumée blanche du FMI. Même les Européens qui ont argué de l’urgence absolue d’aider la Tunisie pour éviter son “effondrement” – essentiellement pour ne pas être ensevelis par les hordes de migrants – lient leur coup de main à celui du FMI.

C’est vous dire la complexité de la chose. Il ne suffit pas de décréter la rupture avec le principal bailleur pour que tous les problèmes soient réglés, comme par enchantement. Bien au contraire c’est là que les ennuis commencent. Rappelons que la LF 2023 table sur un déficit budgétaire de 8 milliards de dinars, ce qui n’empêchera pas la Tunisie d’honorer une facture de 16 milliards au titre du remboursement de sa dette.

Alors comment on va faire pour s’extirper de là ? C’est la question qu’on pose au président de la République. S’il mise sur des sources de financement inédites – la Chine par exemple – qu’il nous le dise, ne serait-ce que pour émettre les signaux positifs qu’attendent les milieux financiers, les entreprises et les partenaires étrangers…

Si Saied compte sur les ressources internes, comme il l’a dit publiquement, qu’il lève un coin du voile sur ce qu’il fera pour réformer le pays et relancer la production, pour activer un Plan de relance qui dort depuis des mois dans les tiroirs du ministre de l’Economie et de la Planification…

S’il a l’intention de remettre la Tunisie au travail qu’il fasse deux ou trois confidences sur ces entreprises publiques malades, budgétivores et dont certaines devront être vendues pour stopper l’hémorragie, quoi qu’on en dise pour préserver une paix sociale factice.

Si le chef de l’Etat sait comment mobiliser tout de suite des financements internes sans achever les banques locales déjà fragilisées par les ponctions – les emprunts obligatoires – et sans tarir le peu de financements qui vont à l’économie, qu’il nous le dise.

Tout cela pour dire que le chef de l’exécutif en a trop dit ou pas assez. Il ne pourra pas faire l’économie d’autres explications de texte…

 

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut