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Saied prend à témoin Abassi et le mouille dans son combat : La frappe se précise et fera mal [Vidéo]

Saied prend à témoin Abassi et le mouille dans son combat : La frappe se précise et fera mal [Vidéo]

En général quand le chef de l’Etat, Kais Saied, reçoit le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouen Abassi, c’est pour lui parler de généralités économiques sur lesquelles ce dernier n’a aucune prise, ou lui demander des actions qui ne sont pas de son ressort mais relèvent plutôt du gouvernement, donc du président de la République puisque personne ne lève le petit doigt sans son aval. Mais cette fois Saied a semble-t-il visé un peu plus juste, dans le périmètre du patron de la BCT. Il a surtout profité de cette entrevue – un monologue, comme à son habitude – pour lancer des messages morts et annoncer des tours de vis qui feront beaucoup jaser…

Le 6 décembre 2021, le chef de l’Etat et Abassi étaient censés survoler la conjoncture économique et financière de la Tunisie, et la nécessité d’accorder les violons de toutes les institutions de l’Etat. Mais très vite les choses ont viré à la diatribe contre les fossoyeurs de la République, en fait l’objet réel de cette convocation du gouverneur de la BCT au palais de Carthage. “Nous passons par des moments historiques et nous devons sortir le pays des griffes de ces personnes-là. Ces gens, qui étaient aux responsabilités, évoquent à l’étranger la Tunisie comme si c’était une vulgaire marchandise“, a pesté Kais Saied…

Puis vient une sortie qui lui tient à coeur mais passe à côté des prérogatives de Abassi, mais le président de la République n’en a cure, l’essentiel est ailleurs : il est dans les avertissements qu’il va lancer pour un très prochain passage à l’acte : “Le ministère public doit remplir sa fonction en enclenchant des poursuites judiciaires contre ceux qui nuisent aux intérêts de l’Etat et ses institutions. Il doit aussi agir pour le rapatriement des biens spoliés. Des milliards que je ne suis même pas en mesure de compter“.

Bon, pour les milliards on demande à voir, depuis le temps que Kais Saied nous les agite. Il est plus probable que ces montants soient largement exagérés pour servir la cause du président de la République : “il y a beaucoup de pourriture dans le pays et je suis le seul qui soit capable de vous en débarrasser”. Bref, ça sent à plein nez la campagne électorale permanente…

Puis le chef de l’Etat a fait son petit effet en apostrophant Abassi : “Vous êtes au courant de toutes les manigances de par votre position à la Commission Tunisienne des Analyses Financières. Ils essayent de se coller l’étiquette de sauveurs de la Tunisie alors qu’ils devraient être traduits en justice”…

Puis en direction de ceux qui l’accusent de fermer la porte du dialogue – comprenons son Dialogue national version électronique – et aussi pour les partenaires étrangers qui le harcèlent il dit ceci : “Je n’ai pas la science infuse, et je tiens compte des avis des autres, parce que le dialogue est un passage obligé, mais le dialogue ne peut se faire qu’avec les honnêtes gens“. Comprenez par là que Saied ne bougera pas d’un iota dans sa logique d’exclusion de ceux qu’il considère comme les responsables du naufrage économique et politique du pays…

Ensuite vient l’annonce, sans doute le clou de cette discussion à sens unique avec Abassi : “la prochaine étape sera dévoilée dans les jours à venir pour qu’on puisse sortir de cette impasse”.

Enfin un peu de baume au coeur du gouverneur de la BCT, qui devait se demander ce qu’il faisait là, avec ce gloubi-boulga de sujets politiques, économiques, juridiques…: “Je suis conscient que vous avez débarqué avec des propositions pour extirper les finances publiques du trou, mais elles ne peuvent prendre corps tant qu’il y a des personnes qui agissent pour nuire à l’Etat et le spolient, pour par la suite se parer des vertus de démocrates. De quelle démocratie parlent-ils? C’est le pouvoir qu’ils visent. Toutefois, ils délirent et se leurrent s’ils pensent pouvoir atteindre leurs objectifs à travers les liens de parenté”…

C’est le chef de l’Etat lui-même qui a choisi la date symbolique du 17 décembre pour s’exprimer, en prenant soin d’en faire la fête de la Révolution. Il faut se rappeler ses sorties avant le coup de massue sur le Parlement. Très peu de gens prenaient au sérieux ses menaces, jusqu’au soir du 25 juillet. Cette fois aussi il a laissé entrevoir ce qu’il va faire, à la face des magistrats et maintenant devant Abassi, un homme qui compte dans le pays. Donc il faut croire Kais Saied sur parole, et puis de toute façon la reculade n’est plus possible s’il veut garder un minimum de crédibilité, en Tunisie et à l’étranger, et s’il veut avoir une mince chance de sauver ce qui est encore sauvable…

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