Comme à l’accoutumée, le journaliste et caméraman de Tunisie Numérique est allé prendre le pouls des prix du Marché central, le coeur du commerce dans la capitale. Ce rendez-vous très attendu par nos lecteurs a été émaillé ce mardi 13 septembre par un grave incident qui en dit long sur la déliquescence du lien social en Tunisie depuis quelques années, la montée de la violence et l’impunité sur laquelle prospèrent les commerçants et détaillants…
Notre journaliste a arpenté les allées du Marché central pour donner aux Tunisois une nette idée de ce qui les attend, une affaire de la plus haute importance en ces temps d’inflation. Ce qui devait être un tournage routinier a viré à l’agression verbale et physique, perpétrée par un commerçant qui manifestement voit d’un très mauvais oeil le fait que notre caméra se focalise sur ses prix exorbitants…
Il a sorti à notre caméraman (à partir de la minute 4 et 5 secondes dans la vidéo) : “Ah bon, vous venez filmer le jour où les prix sont élevés…“. Sur ce il lui intima l’ordre de ranger sa caméra et d’aller voir ailleurs. Notre caméraman lui a rétorqué qu’il est autorisé à filmer et que tant qu’il se borne à filmer les prix pratiqués et non les visages des vendeurs, il est dans les clous fixés par la législation en la matière. Mais notre commerçant ne l’entendait pas de cette oreille…
“Les autorisations c’est moi qui les donne ici“, a répliqué le vendeur, très irrité par l’insistance de notre journaliste…
Nous avons pris contact avec le ministère du Commerce (MC) pour dénoncer les actes de ce commerçant. Le MC nous a répondu que le comportement des vendeurs n’est pas de son ressort et qu’il faut voir ça avec la municipalité. Cette dernière a renvoyé la balle en lâchant qu’elle se borne aux aspects logistiques et que tout le reste relève du MC. On est alors revenu vers le MC par souci de déontologie et pour ne pas passer à côté d’une information capitale en relatant l’incident…
Et là stupeur et tremblements : le département du Commerce assène que nous devons apporter la preuve que le vendeur indélicat pratique des tarifs excessifs. Pas un mot sur l’attitude inqualifiable de ce commerçant, sur l’agression qu’il vient de commettre le plus tranquillement du monde et encore moins sur ses prix élevés. Cela se passe au Marché central, au centre de Tunis, un lieu censé être étroitement surveillé, à deux pas des ministères de l’Intérieur et du Commerce…
On en est là : Un pays rongé par la violence et l’impunité, un Etat absent, des autorités qui font tout sauf assumer leurs responsabilités. Face à ça les citoyens n’ont que leurs yeux pour pleurer. Ce n’est pas ainsi qu’une nation se relève, se ressoude pour se remettre en ordre de marche.
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