Economie

Scandale – Secteur de l’eau : 21% seulement de 7834 millions de dinars de dons et crédits extérieurs ont été dépensés

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Le rapport national du secteur de l’eau vient d’être publié hier jeudi 30 juin 2022 sur le site web de l’Observatoire National de l’Agriculture (ONAGRI) relevant du ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche (MARHP).

Ce rapport traite plusieurs problématiques dont notamment la gouvernance du secteur de l’eau, son financement, la gestion des ressources et les aspects environnementaux, climatiques et sanitaires.

La Tunisie est un pays où les ressources en eau sont fragiles et menacées, indique le rapport tout en soulignant que le potentiel hydrique du pays est modeste ajoutant qu’une partie de ses ressources proviennent des nappes fossiles épuisables. Par ailleurs, les ressources renouvelables subissent les effets d’un climat contraignant, elles souffrent d’une pression humaine croissante et de défis socio-économiques nombreux et sans une gestion durable, elles risquent de devenir un frein sérieux au développement, précise le rapport.

Au volet financier, les données révèlent qu’avec le démarrage du Plan Quinquennal du Développement PQD (2016-2020), des fonds ont été mobilisés pour le secteur de l’eau aux profits des différentes structures de l’Etat.

Il a été constaté, que le secteur de l’eau a bénéficié d’une enveloppe financière importante durant la période 2016-2020. Le total des fonds mobilisés est de l’ordre de 7,5 milliards de dinars (22,7% du total des fonds mobilisés tous secteurs confondus).

Les données du rapport montrent aussi un alignement de l’aide au développement du secteur de l‘eau à la priorité de l’Etat, 45% des fonds mobilisés sont alloués au secteur Eau potable suivi par l’Assainissement avec 19,2% mais le taux d’utilisation des fonds mobilisés sous forme de crédit reste faible avec 21,60%.

Ce taux reflète en partie l’avancement de la réalisation des projets et le reliquat des crédits non dépensés est important (5918,3 millions de dinars). Il est à signaler qu’à part ce reliquat, d’autres fonds sont aussi disponibles post 2015 pour la période du PQD à hauteur de 1534 millions de dinars dont seulement 937 millions de dinars ont été dépensés, le reste post 2022 est de 597 millions de dinars.

Cependant, le total des dons mobilisés durant la période de 2016-2020 même s’il apparait important (de l’ordre de 286 millions de dinars) ne représente que 3,7% des fonds mobilisés sous forme de crédits, ce qui montre que les efforts des partenaires sont dirigés beaucoup plus vers l’offre des crédits que vers les dons. L’allocation importante des dons est donnée à l’assainissement (79%), le montant des dons pour l’ONAS contient particulièrement de conversions des dettes extérieures (20 millions d’euros de la part de l’Allemagne et 40 millions de dinars de l’Italie).

La consommation des dons reste aussi faible que celle des crédits avec un taux ne dépassant pas 28,3%

Au total, 21,8% seulement des dons et crédits extérieurs sont dépensés d’une enveloppe de 7834,5 millions de dinars. D’ailleurs, plusieurs donateurs et bailleurs de fonds sont de plus en plus réticents en matière de partenariat pour le financement du secteur de l’eau en Tunisie pour le retard de la concrétisation des projets et ce, essentiellement pour des considérations liées à la bureaucratie sachant que les projets financés par des fonds extérieurs subissent un contrôle rigoureux de la part des prêteurs et donateurs étrangers et ce, très loin des pratiques locales, à ce niveau.

Le président Kaïs Saïed a ordonné lundi dernier 27 juin, « de rétablir, immédiatement, les associations hydrauliques dans toutes les régions de la république, estimant inacceptable que les gens aient soif, sous des températures de plomb … ». S’exprimant, lors d’une rencontre avec le ministre de l’Agriculture, de la pêche et des ressources hydrauliques, Mohamed Elyes Hamza, il a affirmé « la nécessité de décréter l’état d’urgence hydraulique, au vu de la situation ».

Saïed a pointé « la politique hydraulique suivie qui fait que des Tunisiens souffrent de soif dans plusieurs régions ». Comme il a déploré « le laxisme et la négligence en matière de gestion des barrages ».

Toujours est-il et bien qu’il est considéré comme un pays de pauvre en ressources hydriques, la Tunisie est sans stratégie en matière de gestion de ces ressources qui sont gaspillées ou sous-exploitées et ce, notamment au niveau de leur « gestion » par les entreprises publiques spécialisées dans le secteur.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek