Economie

Secteur agricole : 85.6% des travailleurs occupent un emploi informel (Etude)

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Si l’informalité semble gagner du terrain dans plusieurs secteurs de l’économie tunisienne, dans le secteur agricole elle constitue une des caractéristiques structurelles de ce secteur d’activité.

En effet, dans ce secteur le nombre de travailleurs occupant un emploi informel était de 85.6%, au quatrième trimestre 201993, soit près de 420 200 personnes contre une moyenne nationale de 38.3% pour l’ensemble des secteurs hormis le secteur de l’ « agriculture et pêche », c’est qu’a révélé une étude publiée le Forum Tunisie des Droits Economiques et Sociaux (FTDES) et intitulée la sécurité et la souveraineté alimentaires et le droit à l’alimentation en Tunisie . Le secteur du bâtiment arrive, selon l’étude, de loin en deuxième position avec 69.2%, suivi de celui du Commerce avec 64.7%.

Un contexte caractérisé par l’élargissement des inégalités et de l’insécurité alimentaire

L’étude explique que son élaboration s’inscrit dans un contexte mondial caractérisé par la montée des tensions, l’élargissement des inégalités, l’augmentation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, et dans une économie globalisée de plus en plus dominée par les multinationales et les pouvoirs financiers, les questions de la sécurité et de la souveraineté alimentaires et du droit à l’alimentation se trouvent, aujourd’hui, propulsées au-devant de la scène politique, médiatique et sociale.

C’est dans le cadre de ce débat mondial sur les enjeux de la sécurité alimentaire qui foisonne dans les milieux intéressés par les problèmes de développement et de droits humains, que le FTDES a initié la présente étude. Elle vise à fournir aux organisations de la société civile (OSC) les éléments de connaissance nécessaires à l’intensification de leur action et l’argumentation de leur plaidoyer pour faire avance la cause de la souveraineté alimentaire en Tunisie.

La précarité dont souffrent les travailleurs informels les expose avec plus d’acuité à la vulnérabilité et à la pauvreté et, par conséquent, à l’insécurité alimentaire, précise l’étude ajoutant que le bénéfice du droit fondamental à l’alimentation et la souveraineté alimentaire de ces catégories défavorisées, et notamment dans l’agriculture et le monde rural en général, s’en trouvent, donc, fortement affectés.

Le combat des femmes rurales constitue une partie intégrante du mouvement pour la souveraineté alimentaire

Dans une étude sur « le travail des femmes dans le secteur agricole : entre précarité et empowerment », il est indiqué que, selon la Banque Mondiale, 70% des pauvres de la région MENA vivent en milieu rural et dont la plupart appartiennent à certains groupes sociaux vulnérables tels que les ménages dirigés par les femmes, les sans-terres et les travailleurs agricoles. Les femmes rurales, travaillant dans l’agriculture souffrent d’une double marginalisation en raison de leur appartenance à deux catégories vulnérables : d’abord celle des femmes rurales et ensuite à celle des salariés agricoles.

Ces femmes, bien que vivant une situation des plus précaires commencent à développer une conscience commune et engager un combat pour faire connaître les problèmes auxquels elles sont exposées. Elles ont réussi à organiser un sit-in le 3 octobre 2022 à Tunis à la suite duquel elles ont adopté une déclaration qui consigne leurs doléances à l’égard des pouvoirs publics et toute la société.

Dans cette déclaration, relayée, notamment par le FTDES qui revendique haut et fort les droits de ces femmes, elles rappellent, particulièrement, qu’elles constituent, en fait, la colonne vertébrale de l’agriculture tunisienne, qu’elles représentent la main d’œuvre dont la contrepartie de son labeur est dévalorisée et dont les droits sont massacrés. Elles appellent les pouvoirs publics à reconnaître, à respecter et à concrétiser leurs droits.

Elles ont, par ailleurs adressé un appel aux médias, aux associations et organisations des droits de l’homme pour les soutenir dans tous leurs mouvements et de leur permettre d’avoir des opportunités de formation et des espaces pour s’exprimer et faire connaître leurs préoccupations et d’exercer leur droit à former des syndicats qui les représentent et défendent leurs droits dans tous les gouvernorats et toutes les délégations du pays. Leur combat, qui devrait être celui de tout le mouvement social, constitue une partie intégrante du mouvement pour la souveraineté alimentaire, de l’effectivité du droit à l’alimentation, du travail décent et de la démocratie sociale en général.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek