Economie

Secteur du lait – La LF 2023 profitera exclusivement aux importateurs du lait en poudre et du beurre

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La décision de supprimer les droits de douane (stipulée à l’article 21 de la loi des finances 2023) sur l’importation du beurre et du lait en poudre n’est pas une solution à la crise profonde et structurelle du secteur laitier et ne satisfera pas la demande du lait sur le marché, car le quota annuel de l’importation du lait en poudre qui est estimé à 2000 tonnes (environ 20 000 litres) ne sera pas suffisant pour impacter la structure de l’offre sur le marché, selon une note récente de l’ONG Alert.

On rappelle, par ailleurs, que la quantité du lait collectée par jour est estimée, en moyenne à 1,4 million de litres et que les besoins quotidiens sont de l’ordre de 1,8 million de litres, soit un déficit quotidien de 400 mille litres.

Même si l’on essaye d’augmenter ce quota, le coût de production du lait et des produits dérivés sera exorbitant, martèle la note de l’ONG ajoutant que contrairement à ce qu’un fabricant a déclaré dans son commentaire sur le sujet sur une radio privée, le prix d’une tonne de lait en poudre ne cesse d’augmenter depuis plus d’un an en relation avec l’accroissement du coût de l’énergie. Le prix par tonne était en moyenne de 4 800 $ en 2022 (comparativement à 3 300 $ en 2021 et à 2 200 $ en 2016).

On assure, également, que cette mesure ne résoudra pas non plus le principal problème du secteur qui est la diminution de la production due à la perte du bétail du fait que pendant des années, les éleveurs ont subi des pertes colossales suite à la hausse constante des coûts de production, jusqu’à ce qu’une grande partie des éleveurs de bovins ont été contraints, notamment ces derniers mois d’arrêter leur activité.

Ainsi, il est certain que les pénuries de production continueront de s’aggraver à mesure que les éleveurs de bovins écoulent le bétail dans les abattoirs ou le vendent sur les marchés des pays voisins, ce qui a entraîné déjà la perte de plus de 30% du cheptel productif et ce, seulement au cours des deux dernières années. Ces chiffres continuent d’augmenter si les mesures adéquates ne seront pas prises.

On conclut que la mesure de la LF 2023 ne changera rien à la crise du secteur, pas plus que les fabricants et les transformateurs de lait ne changeront rien dans la composition des produits commercialisés, car on ne peut pas compter sur le lait en poudre pour fabriquer les produits dérivés du lait tels que du yaourt de qualité et conforme aux normes.

D’après Alert, cette mesure sera un cadeau de l’État à certains fabricants qui ont une licence pour importer du lait en poudre et du beurre puisqu’ils n’ont pas été payés au titre des subventions sur leurs activités. La seule chose qui va changer est la marge bénéficiaire du produit, qui va augmenter.

Encore une fois, le gouvernement montre que les éleveurs ne font pas partie de ses calculs ou de ses priorités, affirme la note de l’ONG.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek