L’affaire n’a pas fait grand bruit au Sénégal, le pouvoir en place ne le criera pas sur les toits et pour cause il reprochait au régime de Macky Sall son appétit trop gros pour les crédits extérieurs. Mais le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko n’ont d’autre choix que de reprendre le chemin du marché international – comprenez l’endettement extérieur – pour garnir les caisses vidées par Macky Sall, disent-ils. Et c’est ce qu’ils ont fait dernièrement : l’émission d’Eurobonds d’un montant de 750 millions de dollars (près de 450 milliards de FCFA) a même été un succès le 4 juin 2024.
C’est le magazine américain Bloomberg qui a ébruite l’information. Avec cette sortie le Sénégal devient le quatrième pays d’Afrique subsaharienne à s’aventurer sur le marché des Eurobonds en 2024, après la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya. La même source indique que les Eurobonds ont une maturité de 7 ans et arrivent à échéance en 2031, avec un taux nominal de rendement de 7,75%…
On a également appris que la première tranche de 500 millions de dollars a été cédée lundi dernier, puis est venu le bonus de 250 millions de dollars le mardi. La banque américaine JPMorgan Chase & Co. a été le principal gestionnaire pour les deux transactions.
C’est la première émission internationale du Sénégal depuis le 2 juin 2021. Le gouvernement de Macky Sall avait levé 508 milliards de FCFA à travers des obligations souveraines pour un taux d’intérêt fixe de 5,375% et une maturité finale de 16 ans. Donc des conditions bien meilleures que l’emprunt porté par le nouvel exécutif. Ce qu’il faut retenir c’est que Dakar a toujours la cote sur le marché mondial mais devra convaincre et confirmer tout le bien qu’on dit de lui, grâce aux promesses du gaz et du pétrole.
L’ex-président, on le sait, n’avait pas son pareil pour lever des fonds sur le marché mondial, auréolé du brevet de satisfecit du Fonds monétaire international (FMI), dont une délégation s’est d’ailleurs rendue chez Diomaye Faye en avril dernier. On peut dire les horreurs que l’on veut sur Macky Sall et qu’il payera cher bien après son départ, mais le fait est que c’est son appétence pour la dette extérieure qui a changé le visage du pays, avec des investissements colossaux sur des infrastructures de premier plan…
Une nouvelle cité administrative qui dispose de tout, un nouvel aéroport parmi les plus modernes du continent, des stades, des autoroutes à péages, des routes flambant neuves qui ont placé le pays dans le TOP 12 africain, un réseau de bus électriques qui révolutionnera le transport dans la capitale, etc. Le corollaire est évidemment une explosion de la dette publique, un lourd fardeau que devront porter le nouveau gouvernement et les générations futures. On parle de près de 72% du PIB du pays, alors qu’il était aux alentours de 45%.
Le niveau de l’endettement est haut, beaucoup trop, mais à ce stade “Alea jacta est” (le sort en est jeté), il faut maintenant parier sur l’avenir en se disant que ces investissements sont le seul levier du développement et de la relance économique. Reste à savoir ce que le gouvernement Sonko fera des 750 millions de dollars collectés. Mais très vraisemblablement cet argent ira muscler le Budget de l’Etat, en attendant la fin des vaches maigres dès cette année avec la commercialisation du gaz.
Ce qui est certain c’est que c’est sur les résultats que les Sénégalais jugeront Faye-Sonko et ils seront implacables, comme ils l’ont été avec tous leurs prédécesseurs. Ils voulaient le pays, se sont battus pour, même au prix du sang, ils ont gagné, ils ont toutes les rênes. Les commisérations autour du bilan désastreux de Macky Sall, de ses erreurs lourdes et errements sont certes un argumentaire recevable, mais ça n’exonérera en rien le nouvel exécutif.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires